La fin du tourisme...
Ce qu'il y a de bien à Quito c'est qu'on voit le mauvais temps arriver...
C'est vraiment pas de bol pour ce pays mais pour nous, l'Équateur, maintenant c'est le pays du virus.
Déjà, il est rentré dans la liste des 14 pays "à surveiller" au moment où on a franchi sa frontière.
Malgré seulement 3 cas recensés. Mais avec une très grande communauté espagnole vivant dans le sud du pays, les autorités ont pu soupçonner une arrivée massive d'infections, et le gouvernement a pris la mesure très tôt des risques encourrus.
Ceci dit, on arrive à rejoindre sans difficulté notre première étape Otavalo. Et malgré l'accueil, on parvient à "distinguer le pays de son œuvre":
Le groupe d'employés en tenue de bloc, qui n'ont visiblement pas eu le temps pour une formation sanitaire avant la douane,
Le flic qui cherche à nous mettre la pression avec son pauvre gentil toutou renifleur sans doute pour récupérer 20 dollars plus que de la drogue...
Et la pluie.
Bon. On sent comme un malaise mais on ne sait pas trop comment expliquer cette drôle d'ambiance...
On trouve les gens très gentils mais plus distants. Est ce que c'est la Colombie qui nous a habitués à plus de familiarité et de générosité? On ne sait pas trop.
C'est trop calme. On en rêvait pourtant du calme mais là y'a vraiment pas beaucoup de bruits, pas beaucoup d'odeurs, pas de cris, peu de musique, peu de couleurs, peu d'agitation.
On est un peu perdus.
On s'en dirige même vers la capitale en cherchant plus ou moins un peu d'animation, un peu de ce qui rend les villes d'Amérique latine si bruyantes, fatiguantes mais vivantes.
Mais on ne peut pas louper les unes des journaux "la peste" "le coronavirus" "l'épidémie arrive" "restez chez vous" "le modèle de gestion chinois" ...
La peur grimpe et surtout la peur de l'étranger.
Nous, quoi.
Dans notre auberge de la capitale, il est plutôt frisquet l'accueil. On n'aura pas échangé grand-chose avec les filles qui gèrent. Avec les autres clients non plus d'ailleurs. L'ambiance est un peu tendue.
On a été 'surclassés'. Maintenant que j'y pense je me demande si les filles n'auraient pas juste préféré nous refiler une chambre de luxe plutôt que de nous laisser utiliser les douches et wc communs...
C'est Londres, je suis sûre qu'un Juan l’éventreur rôde
Le dimanche c'est le jour le moins conseillé pour visiter parce qu'il y a trop de monde partout. Bon ben nous on n'aura croisé personne dans les avenues de la capitale, quelques taxis, des bus vides: un matin du 15 août à Bruay la Buissière...
On a pris un téléphérique pour aller prendre l'air frais au dessus de la ville. Des agents désinfectent les cabines entre chaque passage. Remarque y'a le temps: on est 20 personnes là où on peut en accueillir des centaines...
Arrivés à 4000m, c'est bonheur.
L'ambiance sinistre de la capitale est recouverte par une énorme chape de nuages. On ne voit plus que quelques volcans au loin, paisibles, enneigés, témoignages d'éternité et de sérénité. L'agitation des minuscules humains à leur pied ne les affectera pas.
Et qu'est ce que ça fait du bien de s'échapper de la tourmente!!
On a bien fait de grimper à 4700m d'altitude pour la vue époustouflante!
Mais ça ne durera pas.
Dès la redescente téléphérique on ressent le malaise revenir. Dans la cabine, 2 jeunes garçons sont rentrés avec nous. Personne ne parle. On ne se touche surtout pas, éviter de se racler la gorge, surtout ne pas tousser ce chat qui fait ses griffes dans ma trachée, l'ambiance est à la suspicion.
De retour à l'hôtel, un colombien nous cause. C'est le seul depuis des jours.
Il voyage beaucoup et bosse à Quito ce mois ci. Il nous parle des restrictions, nous dit que les musées ferment, les parcs aussi, que les gens ont peur, que les hôtels n'accueillent plus les étrangers, "ici aussi. Ça reste ouvert parce que vous êtes là, mais après, les filles vont fermer."
Bon.
Alors il faut partir de la ville. En plus il fait froid, ici.
Nous prenons un bus vers la mer.
Ça fait un moment qu'on loupe tous nos rendez vous avec le Pacifique. Cette fois c'est l'occasion!
