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Les clés

Qui aurait cru qu'un trousseau de clés avait un tel pouvoir…

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On n'avait plus de domicile fixe, donc plus de clés depuis quelques semaine et on s'y était très vite accoutumés.

Comme une liberté de plus : pas de pied à terre, pas de chez-soi, rien que le vent et le soleil pour guides.

Pas de loyer, pas de charges, de meubles ou d'objets à entretenir : rien que soi et sa propre intégrité à gérer.

S'affranchir du quotidien boulot-maison, on en rêvait depuis un moment. Depuis qu'on a réalisé que c’était possible. Pas seulement pour les autres.

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Comprenons nous bien: ce n'est pas une chance, c'est une opportunité à saisir. Des choix à faire. Pas de grande maison, pas de grand jardin, pas de belle voiture, peu de biens d'une manière générale.Qu'importe les montres, fringues, bijoux et autres accessoires… On planifie, on organise, on prévoit : ça demande du temps, de l’investissement. Et puis il faut oser commencer à en parler autour de soi : pour que l'orgueil vainque la trouille et empêche de tout laisser tomber…

Combien de soirées à débattre sur le sens de telle ou telle destination, sur les moyens à engager, Combien de soirées le cœur serré a prévoir la peine de quitter celles et ceux que l'on aime. Combien de scénarii catastrophes improbables imaginés pour conjurer le sort.

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Lire, dévorer et se noyer dans les blogs, les récits de voyages, traîner sur les communautés de tourmondistes, et reprendre haleine en écoutant les expériences des autres. Ceux qui ont osé. Ceux qui ont aimé, ceux qui ont réussi.

Convenir du coup de ce qu'est « réussir » son voyage. Ce ne sera pas revenir avec des objets souvenirs, ni poster un bonheur photographique sur les réseaux. Ce sera revenir ensemble, rassasiés, avec une idée de ce que l'on veut pour l’avenir et pour soi.

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Peut-être qu’on part pour deux ans , peut-être pour trois mois. Peu importe, il s'agit de s’offrir 2 ans de liberté. Partir puisque c'est ce que l'on souhaite, et pourquoi pas revenir si on en éprouve le besoin. Zéro contrainte ni de lieu ni de temps.

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Alors le roadtrip en France c'est pour dire au revoir bien sûr, mais aussi un avant goût de cette grande carte blanche. Pas d’attache, suivre les envies, les opportunités et la météo. Pas de porte à clore, de lumière à éteindre, de gaz à fermer. Pas de volets à baisser, de verrou à fermer. Fermer, fermer, tout ce qu'on ferme à longueur d’année… on rêve plutôt d’évasion et d’ouverture.

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Et puis un jour on a le budget, on pleure avec ceux que l'on quitte et on prend l'avion.

Vers un ailleurs, un nouveau continent, un nouveau pays, une nouvelle vie. Vers une rentrée des classes pour apprendre une nouvelle langue.

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Et à quoi doit-on faire face en premier ?

Les clés d'une nouvelle maison.

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