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Confinement à Canoa: journal de bord

Bon alors les copains, en fait j'arrive toujours pas à écrire l'article sur Quito. 

C'était presque cool, hein, et la ville mérite probablement d'être mieux visitée, mais j'avoue les conditions actuelles sont pas au top pour en dire des trucs positifs...

Alors je vais plutôt commencer à vous faire un petit journal de galère "Ecuador" .

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Et même pas un brin de neige

Déjà pour rappel quand on est entrés sur le territoire, le pays est rentré dans la liste des 14 pays dits "à risque".

Mais avec ses 3 pauvres cas suspectés on s'est pas affolés. Ballot, hein?

On passe une semaine à Otavalo au milieu des volcans endormis, c'est cool, on n'en entend pas trop parler en ville, personne ne s'affole, tout va bien, on poursuit notre périple par Quito.

Arrivés là, ça va toujours; on flemmarde, on visite la vieille ville, l'immense 'central park' local, une ascension à 4700m (sublime au passage, et je ne désespère pas de vous raconter cette aventure) on essaie de s'organiser.

Il pleut donc pas de grimpe, mais on investigue et trouve comment accéder aux spots d'escalade, comment aller crapahuter sur les volcans etc... 

Depuis le rooftop de notre hôtel on a une vue panoramique de la capitale, et les jours passants on voit bien qu'il se passe quelque chose... de plus en plus de gens avec des masques, de moins en moins de trafic

Ariane n'est pas hyper réactive, mais les réseaux nous aident à entrevoir ce qu'il se passe, l'Amérique latine ferme ses frontières. "Ça" arrive. 

 

J-2 avant le confinement: on est à Quito, on décide d'en repartir. Et d'aller se réchauffer la couenne vers le Pacifique. 

Le soir même, on apprend que les frontières sont fermées et que les déplacements en région seront interdits du lendemain minuit. On prend donc notre bus le dernier jour autorisé. Quelle inspiration sur ce coup là!

 

J-1: on a deux bus pour arriver à destination. L'"ayudante" qui vérifie nos tickets à la montée dans le bus nous désinfecte les mains. Entre les arrêts, un ghostbuster nous fait sortir, balance du détergent-industriel-qui-pue à fond les ballons à l'intérieur et nous conseille d'attendre quelques minutes avant de récupérer nos places. "Oui, oui, t'inquiète, j'ai pas envie de mourir asphyxiée". 

On se mouille les fesses en s'asseyant mais il paraît que c'est désinfecté. Soit. 

Dans le bus un couple d'anglais se plaint de ne pas pouvoir poursuivre son voyage vers la Colombie. Ils remontent depuis quelques mois depuis l'Argentine et devaient terminer leur voyage sur la côte caribéenne. 

Et puis un couple de jeunes allemands arrivés il y a 4 jours pour leurs vacances annuelles. Arrivés d'Europe il y a 4 jours. 

On ne pourra pas s'empêcher de croiser les doigts pour qu'ils ne soient pas porteurs sains à ramener ce virus dans notre petit village refuge. On ne peut pas s'empêcher de mépriser, un peu, aussi, ce comportement qu'on ne parvient pas à trouver responsable. J'ai cherché, hein, mais je n'ai pas trouvé d'hypothèses d'excuses valables.

Bref. 

On arrive au soir à l'hostal et l'accueil est pour le moins... distant. Toute la famille du proprio est là, nous regarde, mais ne répond qu'à peine aux bonsoirs...

On y rencontre un groupe de français qui eux partent en sens inverse avec le dernier bus de nuit. Ils nous expliquent la situation: la plage est interdite, il n'y a pas de distributeurs, les épiceries ferment, il y a des rumeurs de confinement pour tous, mais sinon c'est cool ici. 

Ok: Début de l'inquiétude.

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Coronabuster

J-0 : on va pas dire 'tout pourri' mais l'hôtel est basique. Roots, quoi. On crève de chaud, le ventilateur au plafond est tellement puissant que le courant d'air ne traverse pas la moustiquaire, l'air est humide, le matelas pas tout neuf, les oreillers plats: première nuit pas au top quoi. 

Propre, c'est pas le premier adjectif qui vient à l'esprit quand on voit la cuisine commune. Moderne non plus... Bordélique plutôt, et pas aussi équipée qu'on l'aurait espéré. 

La famille nombreuse du proprio a bien pris possession des lieux, difficile de s'y faire une place. 

Ils font bouillir les couverts qu'on a utilisés. Est ce qu'ils le font habituellement?

Pendant la sieste, un peu de bruit et au réveil il n'y a plus personne. Tout le monde a déménagé. Est ce qu'on leur a fait peur? Aucune idée, mais en tous cas ils sont tous partis sans prévenir. 

On est seuls. Et un peu paumés. Alors on prend possession des lieux, on cuisine, on dîne... mais le silence autour n'est pas très rassurant. À se demander s'il reste âme qui vive dans ce bled, personne dans les rues, pas de lumières en face. On a loupé un truc? Une évacuation générale? 

Plus tard le proprio revient comme si de rien n'était, nous file les clés pour fermer boutique quand on ira se coucher et le temps de les ranger il était reparti. Je pensais qu'il allait dormir mais non. Ou peut-être que si mais pas dans l'établissement en tous cas. Ok. Bon ben on est tous seuls et la communication n'est pas simple avec notre seul interlocuteur. 

 

J-1: c'est donc officiel: on est en confinement. La veille on avait naturellement très limité nos déplacements mais tout de même on s'était autorisé un coucher de soleil en jouant dans les vagues.

Pour l'instant on est partis pour 14 jours.

 

J-2: La police tourne, on a le droit de marcher sur la plage mais pas de se baigner. 

En ville quelques épiceries sont restées ouvertes. Et quelques cantines nous proposent leur service "à emporter" . On fait nos courses un peu partout pour faire bosser un peu tout le monde, on prend le déjeuner chez "Mama Negrita" qui a l'air de pas avoir beaucoup d'économies pour voir venir...

 

J-3: Un couple de canadiens s'installe dans l'hôtel. Ils connaissent le proprio, ce sont des habitués, ils viennent souvent et cherchent à acheter dans le coin. On se sent moins seuls, ils font le pont entre nous et le proprio, ils parlent un espagnol qu'on comprend tout bien, mais ils sont vegans, boivent pas, fument pas: on va pas faire la teuf non plus, quoi...

 

J-4: On s'ennuie, pas le droit de marcher sur la plage. Juste d'aller nager un peu. Ils ne sont pas tous d'accord entre-eux les policiers... Entre le bon sens et les directives ils prennent des libertés... mais ça nous va, de toutes façons ils partent tous les jours vers 17h, nous laissant seuls profiter du coucher de soleil dans les vagues.

 

J-5: au bout d'une semaine à vivre dans son hostal, le proprio me tend des draps et du PQ en me disant: "Au fait, je m'appelle José." Il a presque souri! On va finir par être copains! 🙃

 

J-6: expédition à San Vicente, la ville voisine pour faire de plus grosses courses et surtout retirer des sous. Le mec de la sécurité du supermarché nous lave les mains pour pouvoir rentrer au compte goutte et le chauffeur de notre taxi désinfecte mon billet de 10 dollars avant de le toucher.

 

J-7: Mama Negrita n'a plus de sopita. On représente le 1/4 de son chiffre d'affaire quotidien, visiblement ce n'est pas assez rentable pour cuisiner. 

Pas le droit de nager dans le Pacifique: on peut marcher mais pas de baigner... "si, señor"

 

J-8: On ne rentre plus dans les épiceries. On reste sur le trottoir, on demande un a un chaque article et un monsieur nous les ramène. Les masques colorés (fins comme du papier de cigarette) font fureur. 

 

J-9: Je me suis faire sortir du Pacifique par l'armée. En fait on n'a ni le droit de nager ni le droit de marcher sur la plage. Avant, c'était juste des policiers trop sympas. Je renonce. Bruno tentera deux fois mais sans y parvenir: coincé par l'armée qui lui dira simplement "Rentrez chez vous." 

À partir de demain le couvre feu (qui était de 21h à 6h) passe à 14h-5h. 😔 Il y a une tolérance pour accéder au Pacifique entre 5h et 6h du mat. 

 

J10: Je crois que le militaire qui m'a proposé de sortir entre 5h et 6h s'est foutu de ma poire. 

Il fait nuit noire. Et je suis toute seule. Têtue comme une mule (et réveillée) je m'éloigne vers l'océan quand même mais un chien me grogne dessus dans l'obscurité totale. Ça aboit un peu partout au loin et ça se rapproche: je rentre fissa à l'hôtel!! 

Et l'après midi c'est couvre feu. La ville est morte. Il n'y a que des chiens errants et des flics dans les rues. 

 

J-11: Des voisins ont bravé le couvre feu en rigolant pour aller surfer au coucher du soleil. Mauvaise idée, les militaires sont arrivés en trombe, les renforts de police aussi: menottés, planches confisquées, ils se sont fait embarquer de façon plutôt ferme. Ce sont des gamins qui ne se rendent pas compte.

Espérons qu'ils n'auront qu'une amende...

 

J-12: J'ai fait des samoussas à la banane et beurre de cacahuète. C'est pas intéressant me direz vous, mais j'ai fait la pâte!!! La pâte toute fine des samoussas! 

Si, si! On peut la faire maison! (merci maman!)

Aujourd'hui un camion est passé en ville pour distribuer des bananes plantains à tous les villageois. Visiblement, y'en a déjà qui n'ont plus à manger. 

Les voisins surfeurs arrêtés la veille ne sont pas rentrés.

 

J-13: Aujourd'hui on a senti une secousse de tremblement de terre. Manquerait plus que ça! 😑

​

J-14: l'ambassade m'a appelée: elle vérifie qu'on va bien et s'assure qu'on a un budget suffisant pour voir venir... Le prochain avion pour l'Europe est prévu dans plus de 5 semaines.

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c'est la fiesta à Canoa
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La plage est blindée
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une partie de Katra
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les éléphants ne sont pas confinés
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Sambos bananes/pâte de cacahouète, un baume au coeur
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Le noni: un fruit qui sent incroyablement mauvais.
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le premier essai... pas le meilleur...
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Bonne route: plus que 4999 kilomètres!
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Heureuse Pessah à tous! Oui, on vient de découvrir l'existence de cette célébration mais c'est pas une raison pour ne pas la fêter!
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Désinfection de la plage: pour mieux nous laisser en profiter bientôt?

J15 Sur les conseils de nos voisins de confinement nous avons regardé le film Bokeh. 

Ne le faites pas! C'est chiant!

Cliché français: on aime les films avec de belles lumières, mais où il ne se passe rien. Ouais ben bof!

 

J16: On découvre le noni. Un fruit d'Amazonie qui a la particularité (outre ses propriétés médicinales) de sentir le Roquefort. On n'y croyait pas trop trop mais si! Bon sang que ça pue la mort ce truc!!! 

Incroyable effluve aussi familière que repoussante!

J'essaie de faire de la levure maison, on va tenter d'en faire du pain. 

 

J 17 Ouais ben il est pas bon mon pain. Enfin... il ne lève pas assez vite, du coup il est cramé à l'extérieur et quasi liquide à l'intérieur. Je vous ai dit que je n'avais pas de four? C'est un peu chiant la cuisine à la poêle...

Et mon fromage a moisi. Mais pas comme je voulais, il a des poils et des trucs vivants qui se baladent dessus.

Coup dur pour mes ambitions culinaires pour améliorer le quotidien. 

 

J18 Le jour de notre arrivée un argentin qui campait sur la plage s'est fait cambrioler, il a perdu téléphone, économies, passeport... depuis, on discute un peu et on lui fournit de l'eau tous les jours. Là il est décidé, il veut vendre sa planche de surf pour s'acheter un vélo et retourner chez lui en pédalant. 

Hum... au minimum 5000km en comptant sur une tolérance des contrôles à chaque changement de région et aux passages de frontières et misant sur la solidarité humaine pour manger et dormir en sécurité. On sait pas s'il est totalement inconscient ou s'il sait vraiment ce qu'il fait, mais il est tout enthousiaste d'entreprendre ce long périple vers ses proches avec son vélo et ses deux chiens. 

 

J19: la radio-potin du village dit que 2 personnes sont mortes des complications du covid-19 dans Canoa. Officiellement il n'y aucun cas avéré. Finalement, je préfère croire les infos gouvernementales que radio potin. 

On a établi une routine de fin d'aprèm avec nos compagnons de confinement. On cuisine un truc et on boit un café ou un jus ensemble à l'heure de l'apéro. 

Faut que je trouve des recettes végétaliennes... c'te pression!!

Je peux pas m'empêcher de penser aux copains, quelques bières, du vin, du fromage ou de la charcut', des rillettes maison, voire des gougères et hop c'était simple et c'était chouette. Bon sang que la vie se complique en ce moment!! 

 

 

J20: Notre argentin est parti ce matin. On lui a lancé  des "bonne chance" en se demandant si c'est pas plutôt d'un miracle dont il aurait besoin... Les ressortissants d'Équateur sont les nouveaux pestiférés du continent. Si toutefois il arrive à traverser les provinces, à trouver des gens pour l'héberger et le nourrir, pédaler 50km/ jours hors du couvre feu et des journées interdites, tout ça sans téléphone portable et sans avaries sur son vieux vélo tout rouillé, il faudra encore qu'il passe les frontières sans passeport, sans rien... 

Ouais. 

"Bonne chance"

 

J21: Y'a un mec chelou qui se balade la nuit sur la plage (pendant le couvre feu) avec une torche. Une vraie grosse torche comme dans Fort Boyard. Il voulait un dollar. J'ai pas de monnaie. Il m'a répliqué que c'était pas grave, lui si. 

Alors je pouvais lui filer un billet de 20$ , et il me ramènerait la monnaie dans la semaine.

T'as raison, Léon.

"T'as pas confiance, Tatie? C'est triste!" 

"TATIE"??? Et pourquoi pas 'ma vieille' tant que t'y es!!! (Non parce qu'il n'a pas 12 ans non plus ce pti con)

 

J22: "Je suis sûre qu'il existe un mot finlandais, danois ou japonais pour décrire ce sentiment bien spécifique de dégoût teinté de jalousie et de mépris quand tu vois des gens se balader vers la mer avec leur planche de surf sous le bras alors que toi tu respectes bien sagement les règles de confinement." 

Bah ce matin, c'était nous les voyous!

La plage est à 100m, on est allés prendre la mer. Évidemment on n'a croisé personne et on a bien pris soin de ne pas tousser sur les crabes. Mais ceux qui me connaissent savent comme je suis froussarde face aux autorités, et comme je préfère me plier aux règles, lois, quelles qu'elles soient en toute circonstance!

Bon sang que ça fait du bien, mais bon sang comme je me sentais "dangereuse criminelle hors la loi" sur le chemin!! 

Bruno est gentil, il me dit qu'il est fier de moi d'avoir surmonté ma trouille! Mais je crois qu'il se fout un peu de ma poire. N'empêche, on en a vues des arrestations musclées de l'armée qui embarque méchamment les surfeurs... 

 

J23 Sur la proposition de nos colocataires israélo-canadiens, on a décidé d'organiser un dîner qui sort un peu du quotidien. 

Aujourd'hui c'est Pessah. La Pâques juive. On va pas faire les difficiles, toute occasion est bonne à prendre: on se retrouve à 4 mécréants à festoyer sur le toit de l'immeuble. Avec cuisine traditionnelle de Pessah préparée par eux, cuisine traditionnelle de Hanoucca cuisinée par Bruno. Méga coup du sort, c'était pas du tout intentionnel mais ça tombait bien! 

Une belle soirée mais l'infâme vin rouge n'a pas été facile à digérer.

 

J24: Le gentil vieil épicier qui prie pour nos parents tous les soirs m'apparaît sous un jour nouveau. Il a expliqué à nos coloc' que ce virus était une punition divine pour le comportement homosexuel des hommes. J'espère que Dieu ne l'a pas entendu, Il pourrait bien ne pas exaucer ses prières comme punition pour ses propos homophobes... 

Et des "virus-busters" ont envahi la plage ce matin. Et si c’était en prévision d'un déconfinement?

 

J25: Et voilà. 

Ce qui devait arriver arriva. Le confinement c'est violent parfois, ça nous révèle sous un angle nouveau. 

Après des années de vie commune, dont 9 mois et demi de vie nomade commune, je découvre enfin qui il est: 

Bruno fait parti de ces gens qui orientent le papier toilette par dessous sur le dérouleur.  

À l'envers, quoi.

Non mais quel choc ce matin!

​

J-26 Ce week-end c'est couvre-feu de vendredi 14h à lundi 5h. C'est déprimant. Y'avait déjà pas beaucoup d'animation, mais là...

Je sais pas ce qui se passe mais même les chiens errants se taisent. Et en plus il pleut.

Un homme est venu nous voir par dessus la clôture. Il est ne veut pas d'argent il demande à manger et à boire. Un pêcheur lui a donné un poisson, on lui a donné un bidon d'eau potable.

Ça y est. Les gens n'ont plus à manger. Ou plus d'eau. Ou plus de gaz. 

Ça y est. Ça commence. 

J27 on attendait le discours du président Moreno pour voir les évolutions des réglementations. En fait il a déjà parlé. Il y a 2 jours. Donc rien qu'on ne savait pas déjà: les régions à classer rouges, oranges ou vertes seront toutes rouges. Et ensuite, elles évolueront selon les cas et les états du système de santé. 

Rien de neuf, on est toujours sévèrement confinés. Pas plus de commerces ouverts, de transports, de plage... 

Dans les réjouissances par contre, on découvre que le couple de chats qui saccagent notre cuisine dès qu'ils en ont l'occasion ont eu des bébés. Peut-être beaucoup, mais seulement deux sont vivants, il reste un tout noir et un tout roux. Ils sont super choux! 

 

J28 (lundi 13 avril - je note parce que je me perds) 

La maman-chat est vraiment une flippée de la vie, (une écaille de tortue comme Karmeliet, pas étonnant du coup..) par contre on arrive à apprivoiser le papa glouton. Pas sûr qu'il partage avec les autres mais ils ont de l'eau fraîche, de la crème de lait et des fonds de boîtes à grignoter.

Le petit noir est une demi portion par rapport à son frère rouquin. Besoin de gras ce petit bonhomme. Ou plutôt sa maman. Histoire qu'elle ait assez de lait pour les deux. 

 

J.29  On a rencontré Anna, française coincée dans le même village. Elle vit dans des conditions beaucoup moins sympas que nous. Du côté populaire de la ville, au milieu de ceux qui ont faim, et qui se retrouvent à voler ou mendier... l'eau courante ne va pas jusque là, ils doivent acheter des bouteilles pour tout. Là où il fait trop chaud pour dormir aussi, nous avons la chance d'avoir l'océan et l'air marin en face... 

Elle essaie de rentrer en France. Elle n'a pas été sélectionnée pour prendre le prochain avion.

Ils prennent les personnes mineures, ou âgées, ou avec maladies chroniques, ou personnel de santé en priorité.

Quand tu es jeune et en bonne santé, loin de l'aéroport de surcroît, c'est beaucoup moins simple...

Pas de bol. Il n'y a pas de vol suivant, les 3 rapatriements du mois de mai ont été annulés. Peut-être qu'un avion suisse passera par Quito et aura un peu de place fin avril mais pour l'instant rien de confirmé.

 

J 30 Ici on n'a pas de tout à l'égout: les eaux sales de toutes les maisons sont collectées dans des cuves souterraines comme des fosses sceptiques collectives géantes et un camion doit venir la vider 3 fois par semaine.

Le camion n'étant pas passé, ça puait depuis 2 jours. 

On a appris que lors du dernier pompage, un ouvrier est descendu dans la cuve pour régler un problème de je-ne-sais quoi. Il n'est pas remonté alors un autre ouvrier est descendu voir ce qu'il se passait. Et il n'est pas remonté non plus. Finalement deux hommes sont morts asphyxiés par les gaz toxiques. 

Maintenant on n'a plus d'odeurs grâce à deux jeunes ouvriers, morts au coin de la rue.

 

J31 Depuis le toit de l'hôtel où on s'installe tous les soirs pour le goûter pendant le coucher de soleil, on a vu les militaires distribuer des bonbonnes d'eau. 

Juste à côté de chez nous. 

Ça veut dire que même dans notre quartier plutôt privilégié, les gens n'ont plus les moyens de payer le dollar par jour pour acheter l'eau.

 

J32 Underneck: déjà parce qu'il fait chaud et ensuite parce que j'ai plein de 'petits cheveux' qui me chatouillent et que je confonds avec les moustiques, fourmies et araignées qui se baladent sur nous à longueur de journée. Du coup Bruno m'a rasé le crâne sur la nuque. Et j'ai coupé une 15aine de cm aussi. C'est super mieux!

Je vais finir punk. 

 

J33 Dans la nuit, John, notre copain sdf sans jambes qui vit en face, a eu une grande discussion existentielle avec Bruno. La vie est difficile, et il ne sait plus à qui parler, son seul véritable ami c'est Dieu dit-il avec ses yeux rouges en titubant sur ses genoux.

Demain, promis juré, il arrête l'alcool et les drogues. 

"- Mais d'ici là si tu pouvais me dépanner de 3 dollars pour acheter ma dernière bouteille ce serait cool

- À une heure du matin en plein couvre feu?

- Oui, t'inquiète, j'ai un copain pas loin." 

Ok John, mais n'oublie pas de manger, on a encore ton poisson dans notre frigo depuis 5 jours. 

 

 

J 34 Comme tous les dimanches on reste à l'affût du discours présidentiel nous annonçant les évolutions des mesures de prévention. Comme les derniers dimanches, on ne change rien. Tout le pays reste rouge. 

En même temps on a appris qu'en plus des 500 décès officiels dans le pays, la mortalité dans Guayaquil a étrangement augmenté de 5700 personnes tous les 15 jours par rapport à d'habitude. Hmm... 

Disons qu'au moins l'Equateur a l'honnêteté de jouer la transparence par rapport à nos pays voisins qui ne comptent que les morts testés positifs avérés... 

Bref, ça n'incite pas à réouvrir les commerces etc...

 

J35 Depuis notre toit ce soir, on a eu droit à un spectacle de course poursuite plagistes contre forces de l'ordre! C'est quand même assez rigolo. Courir dans le sable c'est pas facile, et pour la police en voiture impossible de quitter le sable dur du bord de mer, ça donne des stratégies un peu ridicules à slalomer dans le sable  meuble et sec pour les uns, à slalomer sur les bancs de sable humide pour les autres. 

Mais le final est toujours le même: une partie des 'criminels' arrive à se cacher dans la forêt attenante, l'autre partie se doit de faire des séries de pompes et de burpees en punition.

Bah oui, une amende ça sert à rien, ils peuvent de toutes façons pas la payer.

 

 

J36 Un nouveau copain. Ou plutôt une nouvelle copine. 

Après les crabes, les crapaux, la famille-chat, le chien le plus mignon du monde avec ses gros yeux et sa queue qui fait l'hélicoptère, on a maintenant Flaca, maigrichonne. 

Une chienne tellement maigre qu'elle passe entre les bambous de la clôture, tellement sèche que ses babines ne recouvrent plus ses dents. Elle a suivi Bruno dans la rue et elle l'a adopté. Maintenant elle s'assied sous nos chaises quand on ne fiche rien dans le jardin. 

 

J37 Si tu peux pas aller à l'église, le curé viendra à toi!

Cet aprem, pendant le couvre feu, une musique pop-chrétienne brise le silence de la ville. Un pick-up promène des enceintes grandes comme Lucas, un curé et un diacre en toges blanches pour bénir les passants. 

C'est ballot, par définition y'a pas de passants. Ils sont un peu seuls à faire coucou aux murs.

Comme une triste miss Morbihan sur son char de la fête aux oignons un jour de pluie.

Avec Mary on pousse jusqu'à la clôture pour faire coucou de plus près, et on se félicite, le curé nous a bénies: on est sauvées!

 

 

J38 : j'ai 38 ans! 

Suis toute contente, la visio familiale a permis de les faire apparaître pour la première fois sur notre photo de 11h11! 

Et la surprise-cadeau du jour: tous nos voisins-copains en visio!! Raah comme ça fait plaisir de les voir tout-sourire, chacun chez soi mais baignants dans le même soleil de la courée!  

 

Au menu ce soir:

- cacas pigeons et bâtonnets de légumes pour sa mousse de chou  rouge à l'ail et vinaigre de banane

- sambos végétaliens avec sa salade de semoule de chou-fleur, légumes d'automne, germes de lentilles et (oh combien précieuse:) courgette

- gateau moelleux au chocolat, confit d'ananas et pasta de mani

- le tout accompagné de sangria au mauvais vin de cuisine, amélioré par du jus de pastèque et morceaux de fruits exotiques.

 

C'est quand même marrant de fêter son anniversaire sans choisir ses invités, mais ils ont été des amis parfaits avec de beaux cadeaux improvisés qui touchaient dans le mille! Du "vrai" vinaigre balsamique et du presque "vrai" beurre artisanal!!! 

Si c'est pas du vrai trésor ça! 

 

 

J39: La famille-chat qui s'est installée chez nous ne compte plus qu'un seul bébé chat. On va le chouchouter celui là! Du coup on prend soin d'eux mais ils restent très sauvages, ils apprécient la nourriture mais n'acceptent toujours pas le contact. Papa-chat est le plus téméraire et le beurre est une super motivation, mais il ne sait visiblement pas lécher les doigts des humains, il m'a mordue ce con. 

Ceci dit, je pense qu'ils aiment bien notre cuisine, je me sens souvent observée... 

Et finalement nos coloc' sont d'accord pour les aider; nos protégés les ont débarrassé des souris qui se goinfrent de leurs réserves de fruits depuis un mois.

 

J40: Lilo, je t'aaaaiiiime!! 

Je cafte éhontément ma vie perso parce que vraiment c'était trop choupi! 

Ma Lilo, amie d'enfance, disons de post adolescence, qui veut me faire des surprises, ne tombe jamais à côté!! 

Pour mes 27 ans il y avait ces 27 lettres qui m'émeuvent encore, et 11 ans plus tard, elle arrive à enquêter pour m'organiser un zoom-surprise avec mes amis d'aujourd'hui qu'elle n'a jamais vu de sa vie! 

Non seulement c'est terriblement adorable mais surtout y'a pas: suis sûre que t'aurais fait un formidable agent secret! 

 

J41 Notre première ministre nous a annoncé du changement! Moins rapide qu'on pouvait l'espérer, mais c'est déjà mieux que de rester dans l'expectative d'on ne sait quoi ni quand.

Le 4 mai le confinement laissera la place à la distanciation sociale. 

Bon. On sait pas vraiment ce que ça veut dire en pratique. Mais on y place beaucoup d'espoir! 

Peut-être un couvre feu seulement pour la nuit, peut-être une réouverture des commerces, peut-être la réouverture des routes pour les réapprovisionnements et éventuellement les transports interprovinciaux? 

On compte surtout sur la liberté de se déplacer pour aller marcher dans l'arrière pays, et profiter enfin de la plage!! 

Et alors si une école de surf pouvait ouvrir, ou au moins nous louer le matos ce serait tellement bonheur!!! 

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Papa-chat, Bébé-renoi et Bébé-roukmout
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il semble qu'on piétine beaucoup ici...
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Tous les soirs à l’affût du rayon vert
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prochaine étape: raser les côtés
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notre petit pote belliqueux du soir
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Flaca y grandes dientes
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Tous à nos avantages! 
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mes premiers cacas pigeons!
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On est surveillés en cuisine
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Si c'est pas déprimant l'entrée de la ville vide comme ça
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M'en souviendrais de cet anniversaire!!

J42 lundi 27/04

Et si on changeait de literie? 

On a toutes les clés de toutes les chambres depuis 44 jours et on ne pense qu'aujourd'hui à échanger notre matelas penché tout pourri! Faut vraiment pas être réactifs!

Ceci dit, on est super contents c'est super mieux et je craque moins de partout au réveil. 

 

J43 Papa chat est en fait Maman chat.

Comme quoi, on est vraiment formatés à penser famille traditionnelle même pour les chats!... on avait une famille avec 2 adultes dont une femelle sûre, donc forcément la maman, et du coup on a déduit le papa. 

Bah ce sont 2 mamans. 

Après coup, on se demande comment on a pu se tromper: le papa a un bidou tout vide avec mamelles pandouillantes et maintenant qu'ils se sont habitués à nous, "il" allaite autant quel'autre maman sans se cacher. Bref, maintenant on sait que Papa est Maman, et l'ancienne maman-chat nous l'appellerons Maman-tortue. 

Elle ne perd pas pour autant son titre de maman, elle s'occupe tout autant de leur petit. 

Maintenant que les premières courageuses ont 'sécurisé' le terrain, elles ont accueillie une autre tatie (ou tonton) rouquin(e). À moins que ce soit un cousin au 3ème degré ce qui n'excluerait pas, par ailleurs qu'il soit le papa... c'est peut-être une famille du ch'Nord? 

Bref, on se fait envahir... 

 

J44: Ça se détend par ici, depuis notre mirador face à la mer comme tous les soirs pour l'apéro-goûter, on voit de plus en plus de monde venir profiter du coucher de soleil!

Enfin... plus de monde.... une demi douzaine de rebelles, les bandidos du couvre feu!

Ça n’empêche pas qu'on se régale à regarder les courses poursuites, parfois même en voiture!

 

J45: En ville, j'ai croisé une mamie-gringo en voyage solo. 

Je dirais Europe, Nord Est... 

Déduction très pointue sur la base d'indices précis: Trop polie trop respectueuse et pas assez familière pour l'Amérique du Nord, peau blafarde, short-salopette à grosses fleurs, bob, sandales de randonnée et socquettes blanches. (Oui, les clichés et le racisme ordinaire ont encore de beaux jours devant eux)

Elle doit être connue ici - comme nous tous à présent - le vendeur de l'épicerie lui a tendu sa petite bouteille d'eau et des gobelets sans qu'elle ait eu le temps de demander. Elle distribue des lampées d'eau froide aux chiens errants. 

 

J46: Ça fait 4 fois que je relis le chapitre 32 de mon bouquin. Je ne m'ennuie pas, hein, mais j'ai l'impression qu'Asimov est plus fort pour m'endormir que pour me faire voyager...

Je me demande combien de temps je vais encore rester bloquée dessus avant de changer de lecture. 

 

J47: samedi 2 mai 

Bon alors les maires ont rendu leur requêtes, l'association des cantons a validé: tout le monde est rouge. 

Autant vous dire que c'est une petite ambiance ici. Et probablement jusqu'au 16 mai. (Dans 2 semaines) 

On a un peu tous pris un petit coup au moral. 

Officiellement le confinement est remplacé par la distanciation sociale sauf que dans les faits, des surfeurs qui respectaient bien les distances évidemment, se sont fait prendre par l'armée ce matin sur la plage, et réunir en rang d'oignon, réunir dans le pick up pour se réunir au trou. 

Là on n'en est visiblement plus aux pompes sur la plage, ils ont pris des photos immédiatement pour preuve de récidive...

 

J48 Sur le deezer israélien, nos voisins ont trouvé une playlist "chanson française". 

C'est la honte!! Le programmateur ne doit pas nous aimer beaucoup. 

C. Jerome, Hervé Vilard, Francois Valery, Richard Gotainer... 

Ceci dit on a bien rigolé; traduire et expliquer "à toutes les filles que j'ai aimées avant" ou le "Jerk" est finalement assez fun...  

 

J49 Bruno est devenu mon boulanger officiel. Après mes tentatives décevantes il a pris les choses en main. Et je crois qu'il a trouvé le secret: il ne mesure rien, il ne pèse rien, il ne croise même pas les doigts, il attend, et ça sort nickel. 

Pain nature, au basilic ou aux pépites de chocolat. Ni-ckel!

(Pour ma défense, maintenant, je fais de très bons pains pita!)

 

J50: Finalement, il paraît que les surfeurs qui se font arrêter, les militaires les embarquent pour leur faire la leçon au commissariat puis les relâchent sans suite. 

Ça coûte trop cher la prison. Une remontrance et la marche de retour à pieds et c'est tout. 

Par contre, nous, qu'est-ce qu'on risque? Les avis divergent selon l'interlocuteur. Soit rien, soit pareil, soit une amende bien salée vu qu'on est sensés être plein aux as... 

 

J51: mercredi 6mai 

Discours du président Moreno.

L'état d'urgence sanitaire est prolongé (au minimum) jusqu'au 16 juin. Pour faire 3 mois pleins. 

Ça ne remet pas en cause les semaforos (codes couleurs selon les régions, à l'initiative des maires) mais ça veut dire pas de transports interprovinciaux ni d'ouverture de frontières terrestres ou aériennes avant encore 6 semaines. Bon. 

Bon bon bon.

En toute logique, nos voisins ont vu leur vol-retour (prévu dans 10 jours) tout bonnement annulé. 

Eux aussi ont un peu perdu de leur bonne humeur et joie de vivre... on se console tous les quatre à gros renforts de chocolat. 

 

J52: Il a pas mal plu dis donc aujourd'hui! Au moins pendant 3 quart d'heure! D'habitude on a quelques gouttes la nuit et rien le jour, mais ce soir on a été contraints d'interrompre notre apéro-goûter sur le toit pour se mettre à l'abri! Les hirondelles nous avaient prévenus mais elles crient beaucoup au loup pour rien, celles-ci... 

Rien d'embêtant, c'est même plutôt bien, vu que la saison des pluies vient de se terminer toute sèche. Mais ça fait revenir les moustiques.

 

J53:

Humeur fluctuante, on flirte avec la bipolarité. Après le passage dépressif des mauvaises nouvelles gouvernementales, une petite lueur d'espoir, une petite lueur jaune: UN canton vient de passer du rouge au jaune. C'est pas chez nous, c'est d'ailleurs un canton dans une ville très touchée par le virus, très près du centre épidémiologique mais elle passe en jaune. Du coup on espère que ça va donner des idées aux autres maires!! Il fallait un premier qui ose!! 

 

J54: C'est dommage qu'il n'y ait pas d'Aurillac cette année, je suis prête à me camoufler au festival des punks à chiens!

Mon boulanger est devenu mon coiffeur. Ça y est, tempes et nuque rasées! 

Si je le tente pas ici et maintenant: quand?

 

J55: dimanche 10 mai.

Et paf! Notre canton de San Vincente s'est officiellement prononcé: "N'espérez plus, vous resterez "rouges" jusqu'au 31 mai." 

Voilà, voilàààà...

Demain c'est la demi-journée de la semaine où on peut aller faire des courses en ville: on va refaire le plein de chocolat pour fêter ça!!

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Maman-chat (ex Papa-chat) allaite Bébé-Roukmout à l'ombre du papayer
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J'ai bien cadré mon poteau, hein?
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Lui, c'est le patron. Il n'a pas peur des humains, il s'en fout de manger, lui, il exige des gratouilles.
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Mangera-t-on une gaufre de Mr. Waffle avant de quitter ce pays? Quel suspens...
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Les petits pains dorent dans notre four improvisé
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Prochaine mission, convaincre le proprio de m'acheter de la peinture pour sa clôture.
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Future punk, j'vous dis!
On dirait pas comme ça, mais on bosse dur pour écrire de belles chansons! 

J56, Lundi 11 mai: Jardinage!!

Youhou!! J'ai une pelle, un râteau et une machette!!! C'est Noël! 

José m'a ramené son matos avec ses consignes: on ne touche pas au bougainvillier (dommage, il est très envahissant) et on garde les buissons de fleurs jaunes (dommage, ils sont très moches).

Alors me voilà, pliée en deux sous le soleil, encouragée par les Ogres de Barback et la rue Ketanou, à couper les herbes folles sous le soleil.

Oh que ça fait du bien! Ça défoule!! 

Et puis il était temps; la monstroplante de courge du fond du jardin gagne 30cm chaque jour, en 48h elle nous a barré la porte de la chambre!

​

En retirant toutes les mauvaises herbes c'est fou ce qu'on découvre comme trésors! 

Des bouteilles de bières, de vodka, un rétroviseur, des lunettes... et puis des chouettes trésors aussi, tout plein d'aloés vera sauvages! Et puis bien dodus!

Ça n'inspire pas du tout mon cher et tendre, qui s'est plongé corps et âme dans la lecture d'une "brève histoire de l'humanité", il semble que la synthèse de nos 70 000 années sur Terre lui acapare tout son temps... 

Mais ça a motivé John (notre voisin estropié) il a débarrassé tout le trottoir des mauvaises herbes! C'est qu'il va être presque tout propre notre coin de rue!! 😊

​

 

J57: Hé ben je les sens les 2 mois sans activité: j'ai des courbatures partout!! C'est quand même lamentable d'en arriver là! 

​

Enfin puisque la légende veut qu'il faille travailler les muscles endoloris; c'est reparti!

Tondre la pelouse à la machette rouillée c'est pas ce que j'ai trouvé de plus fun. Mais j'imagine que c'est toujours mieux qu'au coupe ongle! J'ai bien pris soin de ne pas retirer les pourpiers pour continuer à les utiliser en salade, (même si c'est moche et qu'il y en a partout) mais j'ai frôlé l'incident diplomatique en retirant les petits papayers qui s'entêtent à pousser dans les escaliers ou dans les murs. Heureusement, notre coloc Erwan s'est aperçu que je les avais replantés dans un coin dorénavant libre avant de pleurer ou se mettre en colère...

​

Le risque du jardinage dans ce pays c'est les trous. Y'a plein de petits trous dans le sol. Et ce ne sont pas des taupes apeurées des humains. Non, non: ce sont des saletés de crabes féroces qui attaquent les doigts trop près de leur entrée. Il me manque de la peau sur un pouce, maintenant.

​

​

J58: La peinture et les nouveaux bambous pour remettre la clôture à neuf ne sont pas arrivés. Connaissant mieux José, je pense que c'est trouvable mais vu qu'il ne veut rien acheter tant que ça n'est pas à moitié prix, ça attendra que l'économie se casse encore un peu plus la tronche. 

Maintenant que le jardin est libéré ça devient vraiment un super terrain de jeux à chats. 

Notre petite famille prend ses aises, ils se baladent  tous en redécouvrant leur nouveau territoire. Bébé-chat court, saute et virevolte dans tous les sens, maman-tortue, maman-tigre et tonton-victime se prêtent au jeu et sautillent aussi gaiement. 

Ah oui, tonton-victime: le 3ème adulte arrivé chez nous. Le pauvre: il se fait maltraiter par tout le monde celui-ci. Quand on entend pleurer, gueuler, ou crier au secours: neuf chances sur dix pour que ça soit lui se faisant rabrouer par le gros- pirate-roux-moche (il a une grosse tête difforme et un œil en moins) ou par Micho. 

Micho c'est celle qu'on appelait "le patron". Grosse grise à chaussettes blanches qui n'a peur de rien. La chatte du voisin. 

J'ai dû m'interposer l'autre jour. Et la virer fermement. C'était notre copine-câlin mais fallait pas toucher à NOTRE famille-chat!! Elle reviendra quand elle sera plus aimable avec eux. Après tout c'est pas son territoire ici. 

Nos tentatives pour les apprivoiser ne sont pas encore très fructueuses mais on avance: Bruno communique bien avec maman-tigre. 

Un vrai feuilleton. Ils animent nos soirées nos petits poilus. 

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Mes débuts de jardinage à la machette
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La monstro-courge. 
Guet- apens au sortir de la chambre
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Micho, Calcetines, Patron... Quel que soit le nom, ce chat ne répond que s'il y consent. Jamais, quoi.

J59: Comme en Chine ou à Madagascar, l'Équateur a conçu sa potion magique contre le Covid (oui, j'emploie toujours "le" parce que j'ai décidé que l'usage populaire était plus élégant que le moche "la covid" de l'académie française)

Ici donc, c'est une décoction à base de graines de papaye avec de l'aspirine. 

La recette passe timidement en bouche à oreille et maintenant sur les ondes fm, mais j'ai pas l'impression que les gens se précipitent pour la fabriquer. Ça ne doit pas être très savoureux et les preuves d'efficacité un peu douteuses...

Nos voisins sont moyennement heureux. Leur avion de retour, déjà reculé à maintes reprises puis calé au premier juin, a été annulé. Prochain départ prévu le premier juillet. Oui, oui. Juillet. 

C'est pas la fête. 

Je vais leur faire un gâteau fondant au chocolat. 

 

J60 Nous ne sommes pas seuls!

Déjà notre amis John, qui vit en tente sur la plage s'était fait voler son sac de réserve de bananes, riz et farine. 

Puis Bruno s'était fait piquer ses chaussures en allant se baigner. Non mais des sandales décath', quoi. Mais après tout, c'était pas légal d'aller à la mer, peut-être quelqu'un en a profité pour le punir/prévenir.

Puis son short de bain a disparu. Non mais un short de bain avec motifs à fleurs hawaïens, quoi. 

Et puis là, on apprend que dans la paillote du restau en face, des gens sont venus piquer les assiettes. 

Bon. 

Nous qui laissons traîner nos affaires tranquille dans l'enceinte de l'hôtel on va peut-être se décider à ranger le pc, les téléphones, liseuse etc à l'intérieur de la chambre et la fermer à clé quand on sort, maintenant...

Les flics qui patrouillent le soir veillent à la sécurité de John maintenant. 

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John pose pour notre photo de  11h11,
"Attends, je mets mes lunettes, ça fait plus respectable!"

J61: On devient vraiment concierges, perchés sur notre toit... on observe tout ce qu'il ne se passe pas en attendant d'être absorbés par tout ce qui pourrait éventuellement se passer: "Les oiseaux vont toujours vers le Sud à 18h" "tiens, un pélican est en retard" "oh, une luciole" "ah, une bagarre de chiens" "oh un nouvel insecte inconnu!" 

Et puis des fois il se passe un truc: une dame promène son chien sur la plage au coucher du soleil, pendant le toque de queda. Mais 4 militaires arrivent. 

Deux premiers s'approchent, ça fait de grands gestes, mais ils semblent se désintéresser d'elle et se dirigent vers un autre petit groupe plus loin. On voudrait savoir ce qu'elle leur a dit pour se débarrasser d'eux aussi facilement! 

Et puis un autre militaire arrive et lui crie quelque chose, elle qui se baladait paisiblement se met à courir, il lui court après: c'était peut être pas si efficace comme discours!

Finalement, évidemment, sur la plage déserte elle n'a pas vraiment de chance de s'en sortir. Elle finira par s'arrêter de courir et accepter la confrontation.

Ça râle, ça gronde, ça baisse les yeux, puis ça lève les bras au ciel, ça se justifie, ça palabre, ça s'engueule, quoi. Ça dure, madame est dans une situation délicate. En pendant ce temps son chien s'ébroue dans le sable autour d'eux tout content d'avoir un nouveau copain-humain. Lui, même de loin, on comprend ce qu'il veut dire: "On joue? On joue? Allez, venez, on joue!!"

Ils ont quand même la belle vie ces chiens... 

 

 

J62: On apprend dans le journal El Comercio ce matin que 50 cantons passent en jaune, et Guayaquil aussi prochainement. LE cluster du pays va réouvrir. Et pas nous. 

On est un petit poil jaloux. 

En fait on est complètement verts! 

On a appris que notre maire avait demandé le passage zone jaune, mais ça lui a été refusé. Alors que normalement c'est une responsabilité que le gouvernement lui a délégué... pas content non plus notre maire. 

Mais ici l'activité économique passe par le tourisme. Et comme il n'y a pas de touristes à quoi bon ouvrir. 

Ça se tient mais c'est méchamment nul. 

En plus maintenant, le passage en jaune signifierait un couvre-feu seulement de 21h à 5h du mat. Ça ferait du bien au moral quand même... 

Bon sinon ça y est, je suis enfin rentrée dans le monde d'Azimov. C'est une bonne chose: l'heptalogie de Fondation s'offre à moi! Ça va bien m'occuper un moment! Et si ça passe trop vite il restera la pentalogie des robots! 

La satisfaction de se lancer dans un auteur prolifique!

J63: lundi 18 mai

José (notre logeur) avait trouvé du bois pour avancer les travaux dans sa ferme. (du cèdre amer: ce que ça sent bon!) Puisqu'on l'aidait à charger son pick-up il nous a proposé d'aller avec lui aider à décharger les planches et visiter sa ferme. 

Ah bah ça! Avec plaisir! Toute occasion est bonne pour sortir de l'enceinte du Bumba!!! 

À peine le temps d'enfiler des tongs et nous voilà entassés à bord du vieux pick-up. Genre vraiment pourrave! Papy Merco à côté c'est presque un jeune homme! 

On passe les "barrages" de contrôle tranquillou, José fait des coucous, (c'est une star ici en fait?) On se fera désinfecter la voiture deux fois sur le trajet. À l'odeur, je dirais que leur désinfectant c'est de l'eau. 

Mais c'est une démonstration de "on fait quelque chose"...

On quitte le bitume pour s'enfoncer sur une longue piste en terre, elle est belle cette forêt, des petits portails et des petites routes mènent à des fermes ou des propriétés de gringos de tous pays. 

Chouettes coins! À l'abri des regards curieux, on n'aperçoit qu'à peine quelques toits enfouis sous les arbres fruitiers. 

José nous fait visiter sa maison, c'est simple mais chaleureux, les murs qu'il a montés autour des chambres de vont pas jusqu'au plafond, c'est symbolique mais c'est plus pratique. 

Comme tous les terrains, le sien est en longueur, 30m de large sur plus d'1 km de long. 

Des carrés au départ, achetés en famille puis découpés en parcelles-tranches égales: à côté vit sa belle-mère, puis son beau-frère, etc...

Devant la maison, ses fleurs et la pouponnière. Je suis jalouse des bébés papayers, les miens dans un coin du jardin sont en train de mourir... 

Sur un côté, les orangers et citronniers, des carottes, salades, courges, pommes de terre et herbes, des pastèques, grenades, papayes, badeas (d'après ce que j'ai compris ce sont les grenadilles) et les maracuyas grimpent sur des tuteurs en bambous.

Derrière la maison, les bananiers et les coco. 

Des poules courent partout et le chien fait le mort. Tu parles d'un gardien. 

Ils sont bien, là. Ils vivent presque en autonomie, il y a l'électricité, ils récupèrent l'eau de pluie dans des citernes et un tuyau d'alimentation ramène l'eau de la rivière Canoa. Pas vraiment de village, pas de commerces, pas de voisins immédiats, un camion passe tous les matins pour le ramassage scolaire, mais ils ont tout de même une église. C'est important quand même. 

On sait que c'est un peu plus loin sur cette route qu'il y a une brasserie artisanale. Peut-être qu'on pourra aller la visiter un jour, si l'activité reprend... 

En tous cas quelle bouffée d'air frais de sortir du village! C'est bête quand même: on a à peine fait 10km mais ce que ça fait du bien de changer de paysage!

Pendant ce temps, nous colocs profitaient de leur demi-journée de la semaine d'autorisation de déplacement pour aller faire des courses à San Vicente et nous retirer des sous. 

Après les masques obligatoires, les fumigations sur la route, l'interdiction de rentrer en sandales (?) l'interdiction de rentrer en short (??!?), maintenant ils n'ont plus le droit d'être à deux personnes sur la moto. 

Du coup, Erwan a déposé Mary pour passer le contrôle, elle a traversé à pieds, avant de pouvoir remonter 200m plus loin. 

Ça se durcit? Alors qu'on est sensés aller vers l'ouverture?!?

 

J64: Mama Negrita manque de plus en plus souvent à son poste. Parfois il manque sa musique qui crache dans tout le quartier comme une boîte de nuit vide, hier sa cuisine était carrément fermée, et parfois on n'aperçoit dedans que son mari ronchon qui lit le journal. Ce matin Bruno l'a croisée les pieds dans l'eau sur la plage. 

De loin, il a vu un gros ballon turquoise au bord de l'eau, une vague l'emportant, il s'est retrouvé à quelques mètres pour identifier notre dealeuse de sopitas.

Si même Mama negrita se met à philosopher en regardant l'Océan, c'est que la situation est grave... 

 

J65 Winter is coming!

Et il come muy rapido dans ce pays! Deux jours à mettre un tshirt manches longues le soir pour prévenir et paf, l'hiver est là!

Bon l'hiver c'est pas l'Alaska non plus, hein... On reste entre 24° et 29°c.  Rien qui empêche de se balader en short ou en bikini toute la journée mais on a quand même bien besoin de remettre un pantalon pour les fraîches soirées! Le truc cool: on n'a plus de moustiques! 

Le moins cool c'est que ça fait 4 jours qu'on prend le goûter au niveau du sol sous le palapa et plus sur le toit. Trop de vent frais là-haut. 

 

 

J66: Aujourd'hui, avec nos voisins, on a monté l'expédition "à la recherche des grottes perdues".

Bon. 

Ben, on a échoué. On les a pas trouvées. 

Il s'agit de longer la plage jusqu'aux montagnes, attendre la marée basse pour pouvoir passer le long des falaises, puis 30 min de marche avant de s'ébaubir. Sauf que 10 minutes avant l'heure du plus bas de la marée basse on ne pouvait pas passer donc en toute logique on n'aurait jamais eu une heure devant nous pour l'aller et le retour. 

On remontera l'expédition le jour de la marée basse la plus basse du mois. 

En attendant ça fait du bien de changer de point de vue, de prendre le grand air, monter en haut des falaises et écarter les bras pour sentir le vent à côté des gros rapaces. 

D'autant qu'il fait frais aujourd'hui, pas de soleil et beaucoup de vent. 

Ça fait du biieeeen!!! 

 

 

J67: On a eu l'explication pour les "cuevas": on y était. Disons qu'on n'avait pas les bonnes attentes en terme de grottes spectaculaires... 

Pour les explications, merci à Jexon, rencontré grâce à Anna notre compatriote qui poursuit enfin sa quarantaine dans son Sud-Ouest natal... 

Ô Sud Ouest de France, quand je pense à toi je vois des magrets patauger dans les mares, je sens l'odeur des gésiers grésiller dans une poêle, j'ai envie de composer une ode au bon vin et au bon vivre...

 

J68: Bon dis donc!!? 

C'est quoi ce bordel? 

J'ai ressorti un pull!!! 

On a vu Mary pour la première fois en pantalon! 

Erwan fait de la résistance en se recroquevillant sur lui-même mais il refuse de quitter son uniforme short-tshirt. Mais combien de temps va t il tenir? 

 

Sinon les copains prisonniers des Galapagos avaient trouvé un avion pour quitter leur île! En croisant les doigts très fort, ils espéraient pouvoir enfourcher leurs vélos pour poursuivre leur voyage à pédales discretos. Ils avaient un billet de la compagnie Tame. Compagnie nationale mise en liquidation la veille. 

Ils vont avoir besoin de chocolat. 

Finalement leur vol a été remplacé par un sharter de Latam, pas trop cher, ils ont sauté sur l'occasion.

Partis du Mexique, ils descendent l'Amérique à vélo depuis Novembre. 

Leur prochaine étape était la même que nous, du coup on jouait la course du premier qui arrive au Pérou: ils viendraient de prendre une sacrée avance même s'ils ne se déplacent qu'à vélo! Mais le Pérou s'éloigne de la liste des possibles... On verra bien...

En attendant de pouvoir poursuivre et de savoir où poursuivre surtout, ils sont à Quito. Au milieu des montagnes et avec des boulangeries à dispo. 

Si vous voulez voyager et suivre les mollets musclés de Tiphaine et Olivier (qui font de très belles photos) c'est sur: 

http://Ameriques-a-velo.blogspot.com

 

J69: Ce matin je me fait réveiller par le vendeur ambulant le plus bruyant de la terre. "Naranjaaa! barata! Piña, piña! Piña para niña!! Barataaaaa!!!..." 

J'envoie un message à Bruno, déjà sorti, pour qu'il lui achète une pastèque, un ananas, et un deuxième pour l'assommer avec.

Suis de mauvais poil. 

Mais pas pour longtemps, le soleil est là!! 

Je m'installe sur la pelouse. Maman-Tigre est là aussi. Elle enfouit une bouse fluo dans le sable à côté. 

Ok. 

1) On se demandait comment avec nos 4 bestioles le jardin restait propre; et bien le tas de sable des travaux avortés est la litière géante officielle. 

2) Faut qu'on arrête de leur donner nos restes à manger: ça leur fait faire des crottes de l'espace.

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La finca de José
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faire quelques pas "ailleurs"
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Oh le beau jardin!
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Depuis le temps qu'on vous parle du restau de Mama
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Canoa est dans la baie du fond
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Le boulder peligrosso
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Le bout du chemin...

J70: lundi matin = jour de courses pour Erwan et Mary! Ils retardent ce moment depuis des plombes mais ils ont à faire: il leur faut trouver un notaire en ville pour pouvoir vendre leur moto avant de repartir au Canada. 

Entre-temps, ils réalisent qu'ils ont un petit souci. Ils sont sensés être rentrés depuis un moment chez eux. Et leur banquier n'a pas été mis au courant de la prolongation de leur voyage: il a bloqué leur carte bleue. 

Ballot. 

La quantité de trucs auxquels on ne pense pas, la quantité de petites choses administratives à régler alors qu'ils n'avaient en-tête que de rentrer pour semer leurs légumes dans le jardin, préparer la terre, et poser leur clôture anti-ours autour du cerisier! 

Ouais... à chacun ses préoccupations!! 

 

 

J71: Retour du soleil! Ça fait tellement plaisir que je m'autorise à accompagner Bruno à sa baignade quotidienne.

Ouh que ça fait du bien! Ça en faisait du temps que je n'avais pas pris de gifle ou perdu mes sous-vêtements dans les grosses vagues du Pacifique! 

Sur le chemin du retour on passe devant le campement de John: "¡¡Por Fin!!" Il se marre. Non mais personne ne me respecte en fait!! Meme lui il se fout de ma poire d'avoir tant tardé à braver la loi! Personne ne respecte rien autour de moi, je vous jure, c'te bande de voyous qui m'entoure!!! 😆

Bon par contre, Anna m'a appris le lendemain que son petit ami avaient rencontré deux requins le même jour... il a surfé tranquillou vers la côte pour rentrer chez lui ensuite... 

Bah z'êtes pas près de me revoir, les poissons!! 

 

 

J72 : Étrange... on ressent, sans bien l'identifier un changement dans l'air... Il manque un truc à nos aprem... 

Quand on réalise que le haut parleur de la ville n'annonce plus le début du toque de queda. 

Personne ne nous conseille chaleureusement de prendre soin de notre famille plutôt que de vadrouiller dans les rues à partir de 13h55!

Tiens?

On a loupé un truc? Il n'y aurait plus de couvre feu? 

Après vérifications: si, si. 

Ouf! On était à deux doigts de voir une amélioration dans notre quotidien!! 

Mais à priori on devrait pouvoir (légalement) sortir l'après midi jusque 18h à partir de lundi prochain! Youhou!

Pas que ça change grand chose pour mon bandido personnel, vu qu'il va régulièrement profiter des vagues (à peine discrètement) tous les soirs... mais ça fait plaisir au moral!

J73: Ce matin, Erwan a trouvé un petit zozio tout moche à moitié plumé par terre. Son nid hors d'atteinte. Puis vu qu'il aurait été très présomptueux de tenter de voler avec ses ailes toutes nues, on exclue l'idée qu'il se soit planté en vol. Donc s'il n'est plus dans son nid c'est peut-être qu'il était malade donc viré par les parents. On exclue aussi le fait qu'il ait pu être jeté par dessus bord par les frères et sœurs vu qu'il n'y a personne d'autre dans ce nid... ni parents d'ailleurs. Il paraît que certains cèdent à l'appel de la migration même s'il doivent abandonner leurs bébés...

Et l'hiver est arrivé bien vite.

Bref. Avec la troupe de fauves et Bébé-chat en plein apprentissage de la chasse en ce moment, on préfère éviter de le laisser par terre ce mini piaf. On lui fait un nid dans un gros tupperware, une serviette pour le réchauffer et rendre la nouvelle maison plus douillette, des feuilles au fond pour éviter de cradosser le tout, et on le perche dans l'arbre voisin en espérant que les parents vont revenir s'en occuper. 

Les oiseaux-prouts (je ne désespère pas de réussir à enregistrer leur chant qui ressemble à des prouts de dessins animés) tournent pas loin et proutent à tout va. Bien. 

Sauf qu'à bien y regarder, ils n'ont pas du tout le même bec. C'est pas leur bébé. 

Nos voisins canadiens nous expliquent que quelques espèces d'oiseaux n'ont pas la fibre parentale alors ils déposent leur rejetons dans des nids au hasard en espérant que quelqu'un d'autre fasse la nourrice. (Maintenant qu'on voit le boulot que c'est de s'occuper d'un bébé-piaf, on les comprend bien!)

Bref on attend, on essaie de le nourrir et de l'hydrater mais il ne veut pas, il se retrouve une fois le bec dans la pastèque mais c'était finalement juste qu'il s'était vautré dedans, pas une volonté de manger... alors on le laisse au chaud et en sécurité dans son arbre en attendant que quelqu'un de son espèce le prenne en pitié. 

On attendra jusqu'à la nuit tombée mais tout le monde s'en fiche. 

Sauf Micho. 

Micho c'est quand même le chat qui quand y'a une bagarre de chiens ne s'enfuit pas mais va plutôt voir si y'a quelque chose d'intéressant à leur piquer... Peur de rien cette bestiole. On a donc bien conscience que maintenant qu'il sait qu'il y a quelque chose d'intéressant dans l'arbre il ne va pas lâcher l'affaire... Bon.

Ok. 

Bébé-zozio va dormir avec nous. 

(Je tiens à préciser que l'initiative vient de Bruno; qu'on ne m'accuse pas tout de suite de guimauverie excessive!)

 

 

J74 Mini-piaf a été très sage. On ne l'a pas entendu de la nuit. 

Trop sage d'ailleurs.

Il est pas en forme. Mais refuse toujours de manger. Dans toute la journée on aura réussi à lui donner 4 gorgées de pâtée de jaune d'oeuf. Et il n'a pas été intéressé par une fourmi non plus. Je suis quand même allée jusqu'à chasser une fourmi, lui couper le bout du cul et la tête des fois qu'il y aurait des trucs toxiques dedans, et retirer les pâtes qui me font penser à des arêtes de poisson... une vraie psychopathe à torturer des insectes... 

Mais ça ne prend pas. 

Appel au secours à Maman-Hervouet: "Bah faut lui forcer le bec comme une huître avec ton ongle et tu le gaves". Barbare. J'y arrive pas. Ou sinon il vaut peut peut-être mieux lui tordre le cou tout de suite qu'il n'agonise pas tout seul ou avec les chats. Cœur de pierre! (C'est vrai qu'il vaut mieux torturer des insectes, quoi! 😅)

Bon sinon, les copains des Galapagos qui sont maintenant à Quito, et bien aujourd'hui ils prennent leurs sacs et leurs mollets et hop! Le bicytrip reprend!! Ça c'est cool!

Même si nous on ne bouge pas, on aime savoir que quelques uns ont déjà repris leur aventure!! 

Et ils ont beau être tortues à vélo, si les transports publics ne reprennent pas, ils arriveront à Quilotoa bien avant nous dans nos bus-lièvres... 

 

 

J75 Steack ou pastèque? 

Ce matin notre petit protégé s'est réveillé plus sec que jamais. Et plus faible que jamais. Sa pauvre petite tête toute maigre tombant sur nos doigts. 

Perdu pour perdu, Bruno prend les choses en main. "M'en fout, je  vais te mettre des trucs dans le gosier de force s'il le faut!" 

Avec ses grosses pattes pleines de doigts, ses gros doigts plein d'ongle, il force le bec et enfourne un bout de viande hachée re-hâchée avec une pince à épiler au fond de la gorge. Ça passe.

En même temps... Il ne pouvait pas en être autrement. Pauvre petit machin. 

N'empêche qu'au bout de 2 ou 3 bouchées, zozio y met du sien! Et il a l'air de trouver ça hyper cool de manger. 

Et il rechante! Ça faisait un moment qu'on n'entendait plus sa voix! (Du coup Micho qui l'avait oublié s'y intéresse de nouveau, et s'insurge de voir qu'on nourrit son déjeuner en le repoussant des pieds.) 

Bref on est tout contents. En recoupant tous les sites spécialisés et l'excellente BD de Margaux Mara sur les oiseaux en détresse, on arrive à déterminer approximativement son âge et ses besoins. Il doit avoir entre 12 et 15 jours, et doit manger 2 fois par heure. 

DEUX FOIS PAR HEURE! 

Alors nous voilà dans le rôle hautement improbable de parents. À vérifier les selles, changer le nid, nettoyer le cu-cul, vérifier l'état d'hydratation et le jabot d'un bébé-on-ne-sait-quoi. Un "pichón" nous dit John, toujours soucieux de nous apprendre sa langue. 

Parce qu'on a bien observé les becs des oiseaux autour de nous (histoire de mépriser du regard les parents indignes si on les trouve!) mais on ne trouve personne qui lui ressemble. Espérons qu'on ne se retrouve pas avec un dangereux gros rapace dans 15 jours!

Enfin... si on arrive à le maintenir en vie d'ici là parce que statistiquement il est plus probable qu'il meurt malgré nos bonnes volontés. Grace aux contacts d'une amatrice de bêtes à plumes trouvée par hasard sur fb, on apprend qu'il s'agit d'une tourterelle des bois. En me renseignant un peu plus sur cette espèce (rare par ici) je vois que même en refuge ils ont 60% de perte quand ils sont si jeunes... 

Mais on a la foi! Et la disponibilité aussi... 

On "espère" juste que le monde ne va pas magiquement s'ouvrir et reprendre son cours dans 2 jours parce qu'on est coincés ici pour de nouvelles raisons maintenant! 😆

 

J76: Notre bébé "pichón" est mort. 

Mince alors. On se demande ce qu'on a mal fait... trop mangé? Pas assez bu? Malade? On ne sait pas depuis combien de temps il était tout seul dans son nid avant de faire le grand saut... en tous cas, contente qu'il ait eu l'air un peu content de sa dernière journée; bien mangé, un peu joué à marcher et à venir s'accrocher sur nos doigts, et puis il aura eu plein de câlins rassurants! Disons que c'est déjà ça... 🥺

Et puis on a gagné une poule. 

On sait pas trop ce qu'elle fout là toute seule, mais elle a décidé de vivre ici apparemment. 

Sinon vers 21h on a eu de l'animation au bout de la rue: une bagarre militaires vs pêcheurs. 

Ces derniers ont le droit de bosser malgré le couvre feu, mais seulement en mer. 

Pas pour la vente. Sauf qu'évidemment, c'est au retour du bateau qu'on fait les meilleures affaires. Les militaires sont arrivés au "mauvais" moment, c'est parti en cacahuète, les pêcheurs n'ont plus rien à perdre, déjà qu'ils vendent leurs langostas 2,5$ la livre... Bref le ton est monté, jusqu'à balancer des bouteilles sur le camp adverse... et maintenant on a des militaites qui patrouillent la nuit et ils sont à cran! 

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"reste là en attendant qu'on te prépare un nid!"
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Micho a bien repéré qu'on avait mis quelque chose d’intéressant dans l'arbre
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"Aucun oiseau n'a été maltraité pour cette photo"
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Bébé-chat chasse tout ce qui bouge!
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J77: Lundi. Contrairement à ce que j'avais pensé être officiel il y a trois semaines, nous ne passons pas "amarillo" aujourd'hui. Mais les règles des semaforos "rojos" ont changé: les véhicules peuvent circuler 2 fois par semaine (au lieu d'une seule demi-journée/semaine) , et le toque de queda ne commence qu'à 18h (au lieu de 14h-5h).

Dans les faits ça n'améliore pas follement notre quotidien, mais tout de même, psychologiquement, on se sent moins enfermés... 

D'ailleurs il y a comme un air de fête, une locomotive tourne dans la rue pour vendre des "cotons de sucre" (barbe à papa) et un monsieur passe dans la rue avec un plateau de pommes d'amour (pommes bonbons) 

Quelle drôle d'idée.

N'empêche, je ne me souviens pas de ma dernière pomme d'amour, ça doit sacrément dater. 

Enfin... l'avant-dernière du coup! 😋

 

J78: Oui, ça s'anime un peu par ici...

Les bars, restaurants, discothèques n'ont toujours pas repris leur activité mais des gangs de jeunes fêtards viennent profiter des bancs abandonnés pour picoler avec l'autoradio à fond juste en face.

Ça fait la fête! Dingue!

Ce sont des gros 4×4 et gros pick-up chers. 

Du coup... Mais!?! Du coup ce sont des étrangers!!! Des gwayas ou des quiteniens qui ont fui leurs villes!! Ils viennent ramener le virus chez nous!!! 

Bon à la limite, ça, fallait bien que ça arrive mais surtout: comment ont-ils passé les barrages aux frontières régionales?!?! ÇA, c'est intéressant à savoir... 

Bon sinon, évidemment à 18h, tout le monde décampe et le silence revient. 

On se dit que c'est une bonne chose finalement de garder le couvre feu. Au moins on n'a pas le vacarme et la musique de boîte à fond toute la nuit. Dès le coucher de soleil, le silence revient. Enfin... le silence...

Le grondement sourd des vagues résonne toujours fort. Je crois que ce bruit de fond continu commence à me pomper l'air. Comme un acouphène permanent. Ça va bientôt me rendre dingue ce bruit. 

 

 

J79: Besoin d'un exutoire. Maintenant qu'on a plus de libertés pour se balader, on va aller marcher. Il y a une aire de décollage de parapente sur les falaises un peu plus au sud. 

Sortir du village à pieds, s'enfoncer dans la forêt, grimper la montagne, enfin... la montagne... pas assez haute pour dépenser toute l'énergie qu'on accumule à ne rien fiche de la journée! D'autant qu'on ne sait pas trop si on devient "blasés" mais même si le paysage est sympa de là haut, c'est pas non plus dingue à couper le souffle. 

"T'as eu ton compte, toi?"

"Non." 

"Viens, on rentre par la plage, ça va nous user les mollets de marcher dans le sable" 

C'est plutôt sympa comme trajet, elle est belle la côte et on croise de jolis coquillages, et puis des poissons... pleeeiin de poissons morts échoués! Notamment les poissons hérissons qui gonflent tout piquants sortis pour impressionner quand ils se sentent eux-mêmes en situation de stress. 

Les pêcheurs les prennent dans leurs filets et ne les rejettent qu'arrivés sur la plage. Comme les raies. Et d'autres gros poissons non comestibles. C'est d'un triste cette portion de plage de cadavres... On se demande par contre pourquoi nos matous nous volent encore de la nourriture, il y a un immense garde-manger ici. À moins que les gros oiseaux qui survolent ne mangent aussi les chats... 

Le lendemain il faisait trop moche pour que je sorte mais Bruno a parcouru quelques kilomètres sur la plage. Il a dépensé son trop plein d'énergie en jouant avec les crabes... un mer de crabes. Ça a l'air vraiment très rigolo! À la prochaine belle matinée je vais aller voir ça! 

 

 

J80: Bon ça devient lourd, hein! 

La vie est sensée reprendre et on a de plus en plus de manques! On a vidé le stocks du village en sauce tomate, en champignons, en céréales, en clopes, en pastèques et maintenant v'là s'y pas qu'on ne trouve plus de maracuya! 

E-qua-teur!! On n'est pas sensés avoir de vraies saisons!! On veut la même météo tout le temps! Et on veut des fruits tout le temps! 

Et pis du soleil aussi! 

Non parce que aujourd'hui j'ai quand même dû faire chauffer une marmite d'eau pour me doucher! 

Puer en attendant l'été prochain ne me gênait pas tant que ça,  mais par respect pour les trois personnes qui vivent avec moi, je me suis sentie obligée... 

Techniquement, on peut demander au proprio de mettre en route l'eau chaude. Mais vu qu'on est 4 personnes dans le déni total, on refuse de passer en hiver alors on a (peut-être trop spontanément) refusé. 

 

 

J81: Tout fout le camp: Erwan a mis un pantalon ce soir. Et des chausettes!! Le dernier des résistants à baissé les bras. 

Autant vous dire que ça nous fout un coup! 

On s'est mis à la soupe.

J'ai craqué aussi. Ras le pouët du végétalisme: j'ai fait des biscuits au fromage. Avec du parmesan importé et des oeufs. Ahah!! 

C'est bête mais ça donne drôlement du baume à sin pti cœur ce pêtage de bilan carbone! 

Bon par contre Erwan s'est disputé avec notre poule. Elle a grignoté son bébé-papayer du coup il s'est fâché tout rouge et l'a virée de notre territoire. Dommage, on la trouvait marrante et sympa nous. 

 

J82: Ce matin au réveil, j'ai entendu le bruit de la pluie au dehors. Du coup pas envie de sortir du lit. Pourquoi faire? 

Alors je prends mon téléphone à la recherche de la bonne chanson "feel good" qui me donnera le courage d'affronter le jour. Je tombe sur un message des copains à vélo. Ils se sont extirpés des Galapagos pour se remettre en selle et re-parcourir le pays et on s'était beaucoup réjouis de constater que c'était possible. Sauf que... en plus des barrages routiers officiels, il y a des barrages tenus par les villageois sur les petites routes alternatives (comme à la sortie de notre village) donc parfois obligés de rebrousser chemin, les parcs naturels sont toujours fermés, pas encore d'hôtels ou de restaurants, il pleut et en plus ils se sont fait chouraver des affaires. 

Bon. C'est pas encore gagné, quoi.

En tous cas ils sont bien philosophes et ont bien du courage de pédaler comme ça, mais va falloir retourner dans les régions "jaunes". Le rouge c'est visiblement pas encore la peine de tenter... 

En attendant pour eux au moins, il se passe quelque chose.

Bon sang qu'on tourne en rond nous!! 

Notre AG dont l'ordre du jour sera "qué qu'on fait de nous maintenant?" est repoussée au 15 juin. D'ici là, on espère la fin effective de l'état d'urgence sanitaire en Équateur. En attendant on tourne en carré. 

 

 

J83: "On n'aurait pas oublié un truc nous?"

"Déclarer tes impôts?" 

"Ouais, mais nan, je suis laaarge et c'est le prochain truc sur ma to-do list" 

Nos visas!!! Bah ouais, on a dépassé les trois mois autorisés.

La semaine avant d'entrer sur le territoire équatorien je nous entend encore: "Bon allez, cette fois on est bien organisés, on ne se disperse pas, on traverse le pays en trois semaines et on file au Pérou!" 

...Ouais, ouais, ouais... 

Et bien trois mois plus tard on est encore là et on ne sait pas encore pour combien de temps on prolongera...

​

Pas grave, un problème à la fois: aujourd'hui on a du soleil et on a retrouvé des maracuyas: la bonne humeur est reviendue!! 

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Comme un air de fête!
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Attention où tu mets les pieds en marchant sur la plage
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un bon moyen d'aller au bout de sa série de pompes: tu tombes tu t'empales sur un poisson mort.
Il étendit le bras, et la mer (de crabes) rouge s'écarta pour le laisser passer
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Tonton-victime, dit "biglouse" est finalement probablement son frère ou son cousin, ou les trois à la fois...
qui aurait cru qu'un si gros bébé tétait encore!
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Un joli lézard prend la pose avant de servir de jouet et de déjeuner à Bébé-chat ...
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Après le prix du chien le plus choubidou du monde, C'est qui qui remporte à présent le prix du chien qui pue le plus du monde!? Hein? C'est qui?

J84: lundi. Bah voilà, il suffisait de maudire le ciel et la terre: les fruits sont revenus!! Et avec une grosse baisse de prix! 8 avocats pour un dollar, 10 maracuyas pour un dollar, 4 pitayas pour un dollar! (Faut pas demander comment les agriculteurs s'en sortent!! 😳)

 

J85: soleil!!!

Vite, vite! Profitons en pour faire le plein de vitamines D! Un café au soleil ce que ça fait du bien! Ça fait même un peu tourner la tête, en fait. Rester plus d'un quart d'heure relève de l'exploit... mais quel bonbon pour le moral! 

Tout revient avec la lumière et la chaleur! L'occasion aussi de faire des lessives, la doudoune de Bruno a moisi depuis tout ce temps dans notre chambre trop humide... nos trousses de toilette accueillent des petits mondes de forêts bleues poilues... 🤨

Oui, vraiment, c'est bon cette chaleur! 

 

J86: Aujourd'hui, sous prétexte d'accompagner nos voisins qui visitent des terrains à acheter, on devait aller se faire une petite balade tous ensemble, une 10aine de km un peu plus loin dans les terres. Bon finalement, de manière très prévisible, la visite est annulée. Reportée à jeudi (puis au lundi suivant, puis au jeudi, mais ça on ne le savait pas encore...) 

C'est un truc assez incroyable commun avec tous les pays d'Amérique qu'on a traversé: quand il s'agit d'affaires à vendre, (que ce soit terrain, maison, voiture, vélo ou quoique ce soit) ils ne nous donnent pas de précisions tant qu'on n'a pas visité ou vu. Impossible de connaître à l'avance les mesures, la forme du terrain, l'emplacement exact, le prix. Il faut d'abord aller sur place, voir, et ensuite on discute. C'est pour nous et pour tous les gringos d'ailleurs, une perte de temps difficilement compréhensible... Mais c'est aussi fascinant cette façon de faire! Qu'est ce qu'on n'arrive pas à saisir dans cette culture pour que ce soit ainsi!?! 

Comme il serait intéressant qu'un ethnologue se penche sur le sujet, puis pourquoi pas en édite un livre chez Riveneuve, et l'intitule "Comprendre les équatoriens" par exemple... 🤔😉

 

 J87: De la grisaille et du vent mais encore un peu de chaleur. Nous allons longer la plage par le Nord et grimper en haut de la falaise quand elle nous bloquera. À peine une heure de balade mais c'est pour moi celle qui offre la plus jolie vue et les refuges les plus agréables. On croisera les milliers de petits crabes rouges et énormément de petites méduses échouées. Elles ressemblent à des bonbons schtroumpf. Ça me donne envie de bonbons chimiques. 

On s'extasie sur des bernard-l'hermites, des petits escargots de mer, des jolies huîtres, des bigorneaux à pois... Il nous en faut peu pour nous distraire après ce qui m'apparaît maintenant comme des semaines de privation sensorielle.

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Des fois on a du soleil et c'est beau.
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C'est vrai que le centre de santé incite à prendre soin de soi
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transition toute trouvée...
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Méduse comme une fleur de bonbon shtroumpf
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J88: Heureusement qu'on a notre famille chat! 

Ils nous régalent de pirouettes et trompent l'ennui. 

Ce soir maman-tortue était toute fière de ramener le dîner. Elle a miaulé fort pour réunir la petite troupe en déposant sa victime.

D'abord ils se retrouvent et se font des petits bisous-esquimau et ensuite ils s'intéressent.

Un scolopendre. Gros, moche et qui fait peur. Tous les 4 ont beaucoup joué à lui donner des coups de pattes et sauter comme des fous autour de lui. À tour de rôle, ils jouent à se faire peur. 

Au bout d'un moment tout le monde se lasse, sauf Biglouse comme d'habitude, (toujours un peu lent de la comprenette celui là) jusqu'à ce qu'il se fasse pincer le museau. Allez, fin du jeu, on confisque la bestiole - qu'on soupçonne vénéneuse par ici -  avant que quelqu'un ne se blesse. 

Ils nous ont bien intégré à leur territoire, ils répondent toujours quand on les appelle, et savent bien qu'il ne sert à rien de lever une oreille quand ce sont les frugivores (nos colocs) qui tentent de capter leur attention... 

Mama-tigre a toujours été la plus courageuse face à nous, c'est elle qui avait osé me croquer le doigts pour manger dans mes mains. Elle a compris qu'avec sa bouche pleine de dents j'avais pas validé, donc maintenant elle met un coup de patte sur les doigts, sauf qu'avec les griffes c'est pas mieux du tout. 

Par contre c'est notre bébé Roukmout qui évolue et grandit bien. De plus en plus grand, fort et surtout téméraire, il joue à traverser la cuisine quand on est là, il joue à se cacher tout près de nos pieds, puis venir proche de nos mains quand on lui tend un appât, puis finalement manger directement en s'appuyant sur nos doigts. Il a une relation privilégiée avec Bruno. Ils se cherchent, ils se provoquent, se pourchassent. Quand il mange dans sa main, il peut le tripoter, le soulever, le porter. Bébé se rebelle pour le geste, mais revient vite jouer. C'est notre petit pourvoyeur de soleil ce petit chaton! 💕

 

J89: Je vous ai dit que quelqu'un avait profané la tombe de bébé-zozio? Un crabe probablement. Il a sa maison pas loin. Et ça bouffe tout ces bêtes là. Pis ça respecte rien. 

Sinon, finalement, un de mes bébés papayers, (je les croyais tous morts) a repris des feuilles de la plante. Ou du poil de la bête je ne sais pas trop comment dire... Tout n'est pas si noir finalement! 🙂

 

J90: Il pleut. Il est déprimant ce coin quand il se déguise en Nord Pas de Calais.

Heureusement, on a eu de bonnes nouvelles ce matin! 

Vous vous souvenez de notre compatriote du Sud Ouest rapatriée le mois dernier? (Qui a adopté l'adorable petite chienne Lunita?) Elle nous a envoyé ce lien depuis son pays basque!

https://www.clarin.com/viste/corazon-gigante-argentino-varado-pandemia-peru-quiere-regresar-perros_0_EetasWPj4.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook#Echobox=1592144818

Des nouvelles de notre cycliste argentin!!! C'est que l'air de rien on s'inquiétait un peu! Et bien il en a bavé mais il est bien accueilli au Pérou, où il a récupéré la santé, des papiers et un téléphone, et maintenant il attend la possibilité de rentrer chez lui à vélo! Toujours avec le même bmx tout pourri qu'il a échangé contre sa planche de surf sur notre plage!! J'ai mal aux fesses et aux mollets rien que d'y penser mais on est soulagés et heureux d'apprendre qu'il va bien malgré les difficultés rencontrées! (Je viens de voir "wild" - de Reese Witherspoon je ne peux pas m'empêcher de penser quel film spectaculaire son histoire ferait, dis donc!) 

 

J91: Ouhlala ce qu'on l'attendait ce 15 juin! La fin officielle de l'état d'urgence sanitaire, ce que j'ai (naïvement) associé à la reprise d'activité du pays, transports, commerces, ouverture des parcs etc... 

J'étais pas la seule, hein, dans les deux grands quotidiens du pays aussi on laissait entendre le retour prochain à l('a)normal. 

Bon et puis en fait non. Il ne se passe rien du tout. Les bus devraient reprendre tout timidement mais sans passage dans les deux grosses villes - gros hubs - du pays. Donc on n'ira pas bien loin sans pouvoir passer par là. 

Rajoutez à ça la météo déprimante et l'humeur massacrante de nos colocs, et vous toucherez du doigt l'ambiance au bas fixe de l'hôtel Bumba!

Nos pauvres canadiens qui devaient rentrer fin mars chez eux, après moult annulations puis reports, s'étaient tristement faits à l'idée d'un départ le 2 juillet. Et ce matin Aeromexico leur annonce que non seulement ils ont perdu leur billet, mais qu'en plus il n'y a plus de vols en juillet. Peut être en août... 

Forcément, c'est contrariant... 

 

J 92: Ô soleil, ô lumière intarissable et pure! (Si quelqu'un a la référence je suis preneuse parce que je n'ai aucun souvenir d'où je sors ça...) 

 

Je ne sais pas si c'est le soleil qui adoucit les gens ou si j'ai eu affaire à un homme particulièrement attentionné mais ce matin, en demandant mes légumes au vendeur ambulant, il m'a répondu avec une tendresse toute latina: "oh mi cariño, ya se termino, mi amor!" Et tout ça avec un câlin! (alors que je ne suis pas déprimée au point de pleurer la pénurie de citrouille, hein, rassurez vous!) 

Déjà ça faisait longtemps que personne ne nous touchait plus, mais surtout même si on me donnait parfois du "mi niña" je n'avais pas entendu tant de mots doux depuis la traversée de la frontière!!

Et bien ça fait plaisir de la tendresse et de soleil! Une belle journée s'annonce! 😊

 

J93: l'Équateur a déclaré la prolongation de l'état d'urgence sanitaire pour 2 mois de plus (jusqu'au 15 août donc), 

Il repleut, ma plante de pieds fusionne avec le sol, j'ai de plus en plus de mal à séparer le sable de ma peau: je prends littéralement racine. 

Sinon, les voisins en balade ce matin ont ramené de la plage 2 gros poissons morts pour la famille chat. Ils s'étonnaient de voir que nos petits poilus ne s'y intéressaient pas du tout. Bah ouais. La peau de ces poissons est dure comme du cuir, impossible à trancher même au couteau. Donc nous voilà à cuisiner pour nos chats. On est vraiment gagas. Ceci dit, ça les a rendus complètement fous. À se feuler et se battre entre eux. Alors qu'il y en avait largement assez par ailleurs. C'est peut être pas une idée à renouveler; on dirait 4 junkies. Mignons rt doux comme des nuages mais féroces junkies quand même! 

 

 Jeudi J94: On a eu un invité pour notre goûter ce soir. José notre dueño est passé se vider la tête. Il est finalement resté plus deux heures dans son hôtel avec nous. Exceptionnel! Il en a gros sur la patate, chaque jour amène son lot de mauvaises nouvelles et voit s'accumuler les problèmes. Quand il est arrivé, il s'est posé, un peu voûté. Lui qui est toujours vif et passe en coup de vent, cette fois il a allumé une clope, (je savais même pas qu'il fumait) il a planté ses pieds hyperactifs dans le sable et dans un gros soupir nous a demandé comment ça allait. Soucis de bus, soucis d'avion, soucis de visa, soucis de notaires mais ça va. On relativise beaucoup et on plaisante sur ce pays qui ne veut pas partager ces beautés et ses richesses avec nous. Alors il nous parle de "normalement" , comme c'est chouette en temps normal ici, comme la nature est généreuse et comme les gens sont solidaires. Il sourit comme un vieil exilé en mal de son pays. Un gâteau mandarine-coco plus tard il a récupéré un peu de prestance. Il nous remercie pour le gâteau, pour l'évasion, de tenir son hôtel, et surtout de lui avoir changé les idées. 

Avec plaisir José, tu es le bienvenu chez toi, et nous aussi ça nous fait du bien d'échanger avec quelqu'un d'autre. 

 

J95: Ça fait 2 jours qu'on n'a plus vu Biglouse. 

Il avait mystérieusement disparu avec Mama-tortuga dans la nuit après la bataille du poisson.

Mama-gris et Bébé sont restés tous seuls à la maison. Du coup vue qu'elle est restée, personne n'a ramené les courses. On a culpabilisé en se disant qu'il fallait arrêter de les nourrir pour qu'ils aillent chasser. 

Et puis après 48h Mama Tortuga est rentrée, avec des poissons dans la bouche. Gris s'est précipitée pour se bâfrer. Et ne lui a fait un bisou sur le nez qu'après. 

Mais pas de trace de Biglouse.

 

On espérait contourner le problème des bus en cherchant des vols intérieurs. Des fois que. Pas la peine d'y mettre du suspens: c'est mort. Mais du coup on a vu un peu les avions pour la France. En Juin il n'y a que des trajets avec 4 ou 5 escales. Donc 4 ou 5 fois plus de risques de se retrouver coincés avec des vols annulés/ retardés au dernier moment. Les 3 premiers vols du mois de Juillet ont disparu. Le prochain accessible est prévu le 18 Juillet.

On en discute. 

On retourne voir. Il a disparu. Complet j'imagine. Pour le vol suivant il reste 3 places. Celui d'après 9 places libres. Et ensuite plus rien. 

Bon. Rendons nous à l'évidence. C'est beau d'espérer mais on va vraiment finir par s'arracher les cheveux si on se prend 2 mois d'immobilisme de plus. 

Les billets retour sont pris.

Fin officielle du tour dans le monde. 

Après 4 pays. 

 

J96: Je crois que nos voisins sont au bout du rouleau. Ces matinaux qui vont se balader (pour la centième fois sur les mêmes chemins) aux aurores, ce matin à 10h ils étaient encore enfermés dans leur chambre. 

Il est midi, ils sont descendus faire chauffer de l'eau pour un café sans un mot et sont remontés aussitôt. Ils DOIVENT remonter chez eux. Outre les ours, leur chat et leur potager, ils doivent rencontrer pour la première fois la petite amie de leur fils aîné. Si ils sont en retard il vont la louper. Ça fait 2 ans et ils ne l'ont encore jamais vue, Mary est curieuse même si elle a du mal à cacher qu'il va lui falloir concéder des efforts pour ne pas lui faire peur.

Et nos copains à vélo, vous savez ceux qui se sont évadés des Galapagos pour pédaler sur les volcans, et bien j'enviais énormément leur liberté de se déplacer et de découvrir mais ils ont apporté de la nuance... C'est cool mais c'est pas non plus idéal pour profiter. Adieu les projets initiaux il faut se rendre à l'évidence: il faut rentrer en Europe. Tiens, tiens. 

J'adore leur projet, eux devraient atterrir à Athènes et rentrer doucement en France à vélo. 

Entre eux, nos colocs et nous: l'Equateur va perdre 50% des touristes restés sur le territoire!!

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La famille au complet
Qu'il est grand ce bébé chat!
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Toujours en bmx, toujours en tong,
et toujours souriant!!
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les pêcheurs sont attendus
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L’âne profite de la plage vide
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Canoa grouille de vie...
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Pas moyen de manger tranquille
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les frangipaniers donnent des fleurs bizarres ici
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Barricada de terre, très à la mode dans ce pays et plus efficace que"passage interdit"

J97: Il fait gris, le moral est retombé comme un soufflet. 

Ce matin je fais de l'équateurophobie et du végétalismophobie. Je veux pour la première fois rentrer chez moi. Cuisiner avec des œufs, du lait, du fromage. Acheter de la pâte feuilletée industrielle et des lardons. Boire une bière. Du vin. Subir la canicule de l'été français. Râler ouvertement et maudire le monde entier parmi mes compatriotes râleurs alcooliques mangeurs de fromage et de pain. 

Le peu de bus dans les rues de Quito qui circulaient encore vont s'arrêter. Les compagnies de transports perdent de l'argent avec la limitation du nombre de passagers. 

Et si il n'y avaient pas de reprise des transports avant la fin de l’état d'urgence? On se demande si on ne devrait pas avancer notre retour quoiqu'il en coûte. 

On a hâte, maintenant que c'est acté. 

Donc plus que jamais: à bientôt!

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J98 lundi

Bébé-chat a appris à miauler. 

Enfin... ça ressemble plutôt à des petits pouic-pouic de poussins mais c'est un début. 

Du coup il est devenu bavard... très très... c'est qu'il en a des choses à raconter et à réclamer!!

Pendant notre goûter traditionnel on l'a vu s'installer tranquillou dans notre lit. OooOoh quelle découverte pour ce petit chat sauvage!! Mais qu'est ce que c'est confortable ce truc!!! 

Le lendemain, c'est accompagné de sa Mama-tigre qu'ils se sont lovés sur le matelas tout moelleux. L'invasion continue. Ils gagnent du territoire nos fauves. Et José va être ravi s'il se retrouve avec une chambre pleine de puces!! 😆

 

J99 de confinement mais J100 de coinçage à Canoa. 

100 journées à l'hostal Bumba. 

Quand j'en cause à John ce matin, il répond que c'est passé vite. Face à ma tête "un peu" dépitée il répond "plus que deux mois!" 

Heu... 

Non.

Mais faut avouer qu'ici ça rigole pas, on part sur 5 mois d'état d'urgence.

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Vu les monstres-crevettes, moi aussi je réclamerais, y'a de quoi partager avec les chats...

J100: Premières leçons de surf! 

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Les écoles sont encore évidemment toutes fermées, les loueurs de matos aussi, mais toujours grâce à la solidarité française, nous avons pu rencontrer Jexon le petit ami d'Anna (du pays Basque). 

Il est tout chou et un peu timide le garçon mais nous a proposé de nous donner un cours et c'est fou comme la passion change les gens! 🙃 

C'est qu'il est sacrément sérieux et pro dis donc le minot!! Il le connaît bien son océan! Il a tenté de nous expliquer comment choisir son coin et sa vague en fonction du vent, des courants etc... rien compris! 😆 

Rien ne ressemble plus à une vague, qu'une autre vague. Je vois pas la diff. 

Me suis concentrée sur ma gestuelle déjà, hein, pis je me laisse guider pour le reste!

​

Bon par contre clairement on n'est pas près de faire une carrière pro, l'après midi on n'était plus capables de pousser sur nos bras: à peine pour nager et prendre la vague et plus du tout pour le push up afin de se lever sur la planche. C'est qu'on n'a pas bougé nos vieux corps depuis un bail!

Lui il est tout jeune et musclé!!  Il a appris à surfer en même temps qu'il a appris à marcher, alors ça paraît simple mais pour nous... c'est pas la même confiture... 😆

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On a fait des rencontres aussi dans l'eau. Me suis pris un des poissons volants qui sautent dans les vagues en pleine poire, Bruno a embarqué une méduse comme passagère clandestine sur sa planche (je vous laisse imaginer les traces de brûlures tout le long de son torse quand il s'est allongé dessus...) 

En tous cas on a bien rigolé, une belle journée plaisir mais on sent déjà qu'on va le payer!

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J101: Ce matin, quand on s'est levés on avait 80 ans. 

Mal partout. Et puis finalement les courbatures ça va, mais par contre, reste l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur. La douleur au niveau des os du bassin, au niveau des côtes! Bon sang je l'avais pas vue venir! J'avais pas réalisé comme elle était dure cette planche!! 

Et c'est rigolo comme on re-découvre des muscles oubliés: "c'est quoi ce truc tout dur? Oh! Parce qu'on a des abdos si haut?!?" Les pectoraux, le bas du dos, l'arrière des épaules... tu m'étonnes qu'ils soient foutus comme des dieux grecs les surfeurs...

​

John et les canadiens rigolent bien, et faut avouer qu'on frise le ridicule! Ça va être beau quand on va devoir reprendre la route! On va les sentir les falaises et les randos! 🙃

​

Tout à fait par ailleurs, on fête aujourd'hui notre premier anniversaire de sdf! Il y a un an jour pour jour on disait au revoir à la maison et au chat. 🥳

La célébration aurait pu être plus fun, mais on se rattrapera plus tard! 

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J102: Cet aprem, on lisait tranquillou dans le hamac (Micho et moi) quand notre petite famille est arrivée. Concert de "mrrrooooww" et de "fssssss": les ennemis jurés ne veulent pas partager le territoire.

Sauf que c'est moi le chef ici. Et j'ai décidé que la petite famille était légitime. Micho a déjà une autre maison. 

Alors je me lève pour m'interposer. Les mamas s'en retournent tranquillement dans leurs appartements, reste ce petit Roukmout provocateur.

Dès que Micho se calme et se détourne de lui, il revient le provoquer en duel. Non mais il a cru quoi, ce petit casse pied? Il fait le tiers de son poids et il se permet de faire le malin?! 

Et puis c'est que ça a duré une heure ce manège. Ça joue le dur à cuire et ça pleure au secours pour que l'humaine vienne le protéger ensuite! À moins que ça ne soit que pour le plaisir d'humilier Micho... 

J'ai donc dû me résoudre à virer Micho pour pouvoir finir mon chapitre, mais ça laisse présager quelques soucis pour ce bébé écervelé quand on va partir définitivement... 

J103: Soleil!! À chaque fois je suis fascinée par le pouvoir du beau temps sur le moral et la santé mentale! 

Journée plage, détente dans les vagues, douceur de vivre retrouvée...

Les voisins sont allés dans la ville voisine à 50km au Nord pour vendre enfin leur moto. Ils en ont profité pour visiter des amis qui ont une petite finca. Ils cultivent des fruits et légumes qu'on trouve peu ici, et notamment des groseilles de ceylan. Grand plaisir au soir de goûter quelque chose de nouveau, le goût éveille furieusement le souvenir des tartes d'antan, le cassis ou les mirabelles sauvages.

 

J104: On était conviés à une fête hier! La brasserie du coin organisait une soirée avec des fûts et de la musique à une 10aine de km du Bumba. 

Au dernier moment on a eu comme une petite flemme de se déplacer, de s'habiller (et j'avoue toujours ne pas avoir l'esprit si tranquille de sortir malgré le couvre feu) : on n'est pas allés. 

On a bien fait. La fête débutait à 19h, à 20h les flics sont arrivés distribuer les amendes. Fête terminée. C'est beau la dénonciation. 

Quelle bonne intuition de ne pas être allés se balader par là bas malgré l'attrait d'une bière! 🙃

 

 

J105: Je vous ai dit que José nous laissait tous seuls tout le temps, avec simplement sa consigne de ne pas accepter de nouveaux clients à héberger. D'autant plus quand ils arrivent avec fracas à 23h ou minuit... comme c'est le cas jusqu'ici. 

Mais par contre on gère les douches. 

Station balnéaire courue, le long de la plage outre les boîtes de nuits et les restaurants, il y a des grands espaces de douches et toilettes payantes. Tout est évidemment fermé. Du coup quand les citadins viennent le week-end à la mer, ils demandent à tout hasard si ils peuvent utiliser les nôtres. "¡Por su puesto!" Pero on n'a pas d'eau chaude et c'est 50 centimes par personne. 

C'est ça ou rien alors ils viennent. Et on ramasse les dollars pour José. Voilà. C'était l'activité de la journée, on a fait 2,5$ aujourd'hui. 

 

J106: Dernier dîner avec nos compagnons d'infortune!

Ils ont invité Bernadette, expatriée américaine depuis une 15aine d'année en Équateur, et José qui passait par là par l'odeur alleché, est resté partager le repas! J'étais toute fière de mon pain tressé farci à l'ail, le guacamole et une basquaise sans poulet et sans riz pour accompagner. Et eux ont fait des galletas au chocolat et aux raisins pour le dessert. Quel plaisir de se retrouver à 6 autour d'une table! Ça ressemble à une célébration! 

 

 

J107: Ce matin c'est tiers-tristes, tiers-soulagés, tiers-heureux-pour-eux qu'on a mis notre réveil à 6h30 pour voir nos voisins partir. 

Ils sont partis pour 4 jours de voyage afin de rejoindre leur Colombie Britannique. Un taxi, Quatre avions, un train, et 600 km de voiture. Ils n'en ont pas fini avec les doutes et les inquiétudes du retour. 

On s'est quittés enthousiastes, en espérant ne pas se revoir le lendemain... pourvu que leur vol ne soit pas à nouveau annulé! 

Du coup on se retrouve un peu esseulés. Nous voilà maîtres de l'hostal Bumba! 

Mais nos estomacs nous remercient déjà d'arrêter le rituel quotidien du gateau. 

On a mangé plus de gâteaux en 3 mois que ces 5 dernières années. Minimum. 

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oui, quand je dis soleil c'est relatif...
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Tant pis ce sera fête / concert à domicile! 
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Le boulanger en action
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J108: On a eu des mauvaises nouvelles de nos canadiens: ils pensaient ne pas avoir à se préoccuper de leur visa avec tout ce bazar... sauf qu'il se terminait le 14 mars et que le confinement a débuté le 16 mars. Au passage du service de l'immigration pour prendre leur avion, ça leur a coûté 800$...

L'excès de confiance coûte cher...

 

De mauvaises nouvelles pour nous aussi: passés par la gare routière de Gwayaquil, on leur a confirmé qu'il n'y avait toujours pas de bus, et que les transports ne se remettraient probablement pas en route de sitôt parce qu'ils risquaient de repasser en rouge... 

On commençait à désespérer et se faire à l'idée de rester coincés ici jusqu'à notre vol retour. Et puis les copains Thiphaine et Olivier ont remis un sous dans la machine de l'espoir! Le Parque Nacional de Cotopaxi est ouvert, Quilotoa est accessible, l'industrie du tourisme (local) attend l'client! Youhou!

Plus qu'à trouver un moyen de transport. Au point de désespoir où j'en suis j'envisage la fortune en taxi, mais préférerais tout de même le stop ou le bus voire le dos de chameau... 

Ça sent fort la mission galère mais on veut voir un bout de ce pays, bon sang!! 

J109: Los periodicos jouent avec nos nerfs...

D'un côté on apprend que deux lieux qu'on espère rejoindre ne sont plus du tout accessibles (même si on trouvait un transport) puisque repassés en zone rouge. 

Et de l'autre côté, une compagnie de transport annonce officiellement le retour de ses bus sur la route lundi prochain. 

Bon. 

Et ben de toutes façons on n'a rien d'autre à faire qu'attendre alors re-croisons les doigts pour le retour des transports le 6 juillet! Ça fera(-rait)  2 semaines pour visiter le pays! 

 

J110: Mais qu'est ce qu'on peut bien vous raconter...? 

Vous connaissez la définition de l'aboulie? 

Non ce serait chiant. 

Pis j'ai pas le courage. 😉

 

Non, on peut vous dire que nos mini colocs poilus n'ont jamais été aussi gâtés; entre la viande hachée, les boîtes de thon, les camarones, la crème; on n'avait pas imaginé leur consacrer un tel budget! 

Maintenant qu'on peut câliner bébé Roukmout, (les mamans restent sauvages mais nous font assez confiance pour laisser faire) l'objectif est de les convaincre à nous rejoindre pour faire des dodos collectifs dans le lit. 

Tout le contraire de l'éducation féline pratiquée à la maison! (Avec un succès mitigé) 

Pour l'instant notre gatito ose juste rentrer dans la chambre quand on y est, pour un aller retour furtif,  c'est un début, je vous préviendrai toutes affaire cessantes quand il aura tout d'un vrai chat de compagnie!! 

 

J111: 🎶 "Aujourd'hui c'est dimanche et Jean Louis est content..."🎶 

Réveil tout gris tout moche tout morose et tous seuls. Heureusement, les VRP nous font danser et chanter au café. 

Ne jamais sous estimer le pouvoir de la musique sur la santé mentale. 

Il y a des voitures de luxe garées pas loin, des gwayas qui viennent passer la journée à la plage. On va peut être faire des sous avec les douches! José sera content!

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chats sauvage bien contents
Bébé gatito très sauvage

J112 (lundi 6 juillet) la journée commence bien! Il a plu, il fait froid, il reste juste assez de gaz pour faire du café et depuis le réveil on n'a plus d'électricité. 

Passage éclair de José qui trifouille dans ses outils: confirmation que la coupure est générale pour toute la ville, et vu sa tête c'est plus grave que d'habitude. 

J'ai l'impression que ce type est l'homme à tout faire du village... Il est toujours au courant de tout... et là? Il part avec ses outils réparer Canoa? 

 

J113: Ce matin, en face de chez nous des gens sont venus démonter la grosse pancarte de Mr. Waffle. Ils ont tout vidé et même démonté la citerne d'eau sur le toit. Un commerce qui n'aura pas survécu à la crise. C'est officiel: on ne goûtera pas aux mauvaises gauffres de plage.

Par contre un restaurant a ouvert! Dans la rue vide, un homme se tient debout à côté  d'une table dressée, c'est le premier rabatteur de restaurant qu'on voit depuis des mois! 

Il ne rabat pas grand monde... y'a personne. Mais tout sourire masqué, on cause un peu, il m'explique son menu (limité) et je lui assure qu'on se verra dans la semaine. 

 

J114: C'est pas le tout mais il est temps de se préparer à partir un de ces jours. Et de faire le tour de nos sacs qu'on n'a pas bougés depuis des lustres. Nos chambres sont bien sympa mais on ne peut pas dire que l'aération soit particulièrement saine. Ça sent l'humidité. D'ailleurs c'est moisi. Alors lessive des sacs à dos pour éliminer les champignons qui poussent sur nos affaires. 

Maintenant faut que ça sèche...

Par ailleurs, avec la baisse des températures, bébé gatito a bien compris qu'être un animal domestique présentait des avantages non négligeables. Chaque soir quand les mamans vont chasser il vient nous rejoindre et n'hésite plus à nous grimper dessus pour chercher la chaleur, ou à aller s'installer sur le lit avec ou sans nous pour une petite sieste au chaud. 

Il est adorable, vraiment. Mais c'est un incroyable aimant à moustiques. Pour la sieste c'est bien agréable la bouillotte portative, mais le soir, à l'heure du dîner des suceuses de sang on l'aime un peu moins...

 

 

J115: Ce matin on a fait la connaissance d'Arturo. Il utilise la voiture de sa femme pour jouer les taxis. Elle est infirmière au centro de salud à deux rues de chez nous. Sa voiture a donc un laisser-passer plus ou moins réglementaire... Ils sont onze professionnels de santé. Chaque jour trois assurent la permanence sur place et cinq vadrouillent dans les campagnes autour pour dispenser des soins et dépister ceux qui ne se déplacent pas jusqu'au village côtier. Arturo nous explique qu'elle n'était pas débordée, tout était calme jusque très récemment jusqu'au déblocage des routes, quand les citadins sont venus profiter de la plage elle a vu arriver les premiers cas de covid-19. 

Par ailleurs on est très intéressés par Arturo et sa voiture, vu qu'on désespère d'attendre la reprise des transports. On négocie un trajet jusque Latacunga ou Quilotoa histoire de changer de paysage pour la dernière semaine équatorienne. Il n'a aucune idée d'où ça se trouve. Il va faire ses recherches et nous donnera son prix. Il ne sait visiblement pas encore qu'il en a pour 6h de route minimum. Aller simple... et quelques 3000m de dénivelé positif... 

 

 

J116 : Le couperet est tombé! Ce sera 180$ le taxi vers l'Est. On s'y attendait un peu mais ça fait mal quand on sait qu'on en aurait eu pour 30$ à deux en bus...

D'autant que le COE se réunit pour la nième fois demain, ils doivent se décider sur la reprise des transports lundi prochain. 

Est ce qu'on devrait annuler le taxi et en espérer quelque chose? Ça en fait des paires de fois où on a attendu quelque chose de ces réunions pour rien. Alors pas cette fois-ci: on confirme Arturo. 

 

 

J117 et zou! C'est officiel on quitte le Bumba dans 2 jours! Bon ben du coup on est débordés, on a plein de trucs à faire! Ranger toutes nos installations ici, faire nos sacs, mais aussi organiser un apéro d'adieux avec John, et enregistrer les chansons qui nous restent et qu'on a toujours eu la flemme de filmer, mettre en page et en ligne ce journal de bord, rendre les bidons d'eau, aller au seul restau ouvert...

Pfiou! Débordés! 

 

J118: Ooh la belle surprise!!! 

Du soleil!! Un grand ciel bleu pour notre dernière journée à Canoa!! La pacifique nous a poussé les nuages, si c'est pas élégant, ça?! Un bel adieu!! 

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il est temps de partir...
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la vraie utilité des humains
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Sieste à chat quand il fait froid
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Adieu ensoleillé sur notre terrasse, on regretterait presque de partir! 
Naaaaan, j'déconne!!!

Bon et alors du coup, je mets (enfin) un terme à ce journal de bord, je vous admire et vous remercie si vous avez pris le temps de lire toutes nos non-aventures!! 

 

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Bon. On va pas se mentir: c'était globalement pénible et long mais il y a toujours moyen de retirer du positif en toute situation, du coup comme un bilan en vrac, ce qu'on aura apprécié / appris de ces 120 jours à Canoa:

 

Depuis le début du voyage, on voulait voir le Pacifique. Canoa était l'occasion parfaite. Et ben on l'a bien vu!! 

 

On ne vivra jamais au bord de la mer: le sable c'est insupportable et le bruit des vagues à la longue ça rend aussi fou que le bruit d'une autoroute voisine. 

 

Il est physiquement possible de ne pas boire d'alcool pendant 4 mois sans effets secondaires.

 

Les maillots de piscine, c'est pas fait pour la plage. Le sable s'incruste dans les mailles de la doublure et impossible à faire ressortir. En plus la wax laisse des traces. 

 

Le surf fait plus mal aux os des hanches et des côtes qu'aux muscles. 

 

On peut manger et cuisiner végétalien sans soja et sans quinoa. Et c'est très bon. Chiant à la longue, mais vraiment bon.  

 

Les fours, sont indispensables à toute vie culinaire variée et épanouie. 

Les fruits exotiques à profusion c'est cool mais les lardons et gésiers aussi. 

 

Le flux instinctif libre c'est pas une légende, avec un peu d'entraînement on développe des supers pouvoirs. J'ai toujours pensé que ça relevait de la magie: incroyable qu'il faille attendre mes 38 ans pour savoir que ça s'apprend comme un enfant acquiert la continence urinaire!!!

 

La patience ça s'apprend avec discipline et acceptation. Mais c'est pas rigolo. 

 

Partir en vacances avec des amis c'est déjà parfois compliqué alors rester bloqués 3 mois avec des gens qu'on n'a pas choisi c'est un autre level... 

La barrière de la langue (même prétendue) est un formidable moyen de temporisation pour éviter les conflits.   

 

Les voyages ne forment pas DU TOUT automatiquement l'ouverture d'esprit, la tolérance et la curiosité des autres cultures. On aurait dû se douter que c'était un cliché, il aura fallu rencontrer de très grands voyageurs pour s'apercevoir que ça n'empêche pas d'être trumpiste, ethnocentré, grossophobe, pauvrophobe et je ne vais pas développer plus parce que je vais me recreuser un ulcère...

 

Les chaises de jardin promotionnelles Pilsener Light ne sont pas solides. Bruno en a cassé 4. À jeun. 

 

Toujours laver la première assiette de la pile même si elle a l'air propre: c'est sur elle que les crottes de souris tombent. 

 

J'ai des goûts de vieux: les musiques qui m'ont fait du bien se sont les bons vieux titres très franchouillards des Négresses vertes, Niagara, Dutronc, VRP, I am, l'affaire louis' trio, Au petit bonheur...

 

Pas besoin d'avoir un plâtre, au bout de 3 mois sans activité physique les muscles fondent. On est flasques. 

 

La crise sanitaire a eu des conséquences insoupçonnées: pendant que le cours de la tomate, des papayes et des produits importés s'en envolé, les maracujas, les œufs et la marijuana s'achètent pour quasi rien. 

 

On fait une super équipe. 

Outre le fait que traverser ces derniers mois seul aurait été tout bonnement inenvisageable, j'ai le sentiment qu'on a su éviter la névrose, la dépression et pas mal de prises de tête parce qu'on fait une super équipe.

Pas un jour sans rire, est ce que ce ne serait pas finalement l'essentiel?

 

 

Des bises les z'amis!

Et à bientôt pour de nouvelles aventures! 

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l'avant dernière journée déprimante
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la dernière journée:
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120 jours de Canoa, et la veille du départ: plus que jamais le sourire!
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ADIOOOOOOSSS!!!!
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