Bogotá
La capitale colombienne n'est pas franchement architecturalement ou culturellement l'attraction principale du pays.
On ne peut pas parler de charme ou d'histoire en se baladant dans ses rues.
Ces 100 dernières années, la ville est passée de 150 000 habitants à 8 millions, autant dire que peu d'importance à été donnée à l'esthétique de la ville pourvu qu'on construise vite!
En plus, toute l'année est pluvieuse, toute l'année il fait entre 15° et 20° (on a eu un peu plus: coup de chance, pollution ou encore un coup du réchauffement?... 🤔) et un magnifique ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle...
Spleen tout à fait à propos: les immeubles cubiques en briques rougeasses, les avenues surpolluées et cette météo nous rappellent furieusement quelque chose de familier... on se sent comme à Tourcoing!
On a juste fait un petit saut dans les années 70-80 question architecture...
Et du coup, nous qui sommes habituellement allergiques aux grosses villes, on ne s'y sent pas si mal, comme à la maison!
On a les mêmes immenses centres commerciaux aseptisés (ya même trois Décathlons tout pareils que chez nous!) Et les pistes cyclables. Pfioulala, faut pas rigoler avec les pistes cyclables! Déjà elles prennent la moitié (si ce n'est plus) du trottoir, mais gare au piéton qui oserait marcher dessus!! Attention, ne pose pas ton pied sur la piste tu risques de te faire houspiller très fort!
Vu les embouteillages dans le centre, en même temps, on comprend bien pourquoi les bogotanos privilégient le vélo.
Tous les dimanches matin le centre ville est privé de voiture par ailleurs. Que des piétons et des cyclistes!
Et des trottinettes électriques. Ce fléau fait rage ici aussi.
Mouveaux?
Montparnasse?
manque plus qu'une poursuite de voitures
Fido Dido en exil à Bogota
sûr que voir son habitat se faire détruire n'incite pas à la joie et la bonne humeur
Sur les grandes avenues, des doubles voies de bus à côté des voies pour voitures. D'ailleurs les voitures sont nombreuses mais la moitié sont jaunes, ce sont les taxis -comme à NewYork- et je soupçonne l'autre moitié d'être des Uber. Mais pas exactement comme chez nous les Uber: ici il est préférable que le passager s'asseye devant pour éviter d'attirer l'attention des contrôles (de qui? de quoi? je sais pas) et laissez tomber l'idée de la bouteille d'eau et du bonbon dans une berline lustrée: Papy merco aurait pu faire Uber à Bogotá. Par contre ils ne sont vraiment pas chers. Moins que le bus.
Les rues pourraient être celles de Barbès, Vincennes ou Tourcoing donc, avec son lot de magasins conventionnels, de bazars et de petites échoppes. Des casinos aussi, étrange en pleine ville mais il y en a plein.
Des fasts food, des petits restaurants et quelques cantines. Oh que c'est chouette les cantines! On commande un sar grillé et on se retrouve avec le gros bouillon de poisson en entrée (avec plein de morceaux de poissons, des pommes de terres et des bananes plantains, un bonheur cette soupe!)
Puis le sar arrive, entier, avec sa salade de légumes, le riz parfumé à la noix de coco, une galette de plantain et des frites.
Et il y a la jarre de limonade aussi avec. De quoi se faire péter le bide (désolée, j'ai pas plus juste comme expression) pour le prix (colombien) d'un poisson.
L'alter ego de Nadia version poissonnière.
Pour la version culturelle, dans notre quartier de Chapinero on trouve aussi des petits collectifs super organisés chez qui il est bien agréable de passer une soirée:
On rentre dans une impasse et au bout le "théâtre du garage", quelques food trucks plutôt variés et pas mauvais, un magasin solidaire où vous pouvez donner fringues meubles etc dont vous n'avez plus besoin et/ou acheter en seconde main et les bénéfices sont reversés à l'association des sans abris du quartier, un bar de la BBC "Bogotá Beer Company" microbrasserie bogotanaise qui propose une belle variété de bières ma foi fort sympathiques!
On trouve aussi de drôles de cités dans certains quartiers: exactement comme dans nos banlieues métropolitaines, des barres d'immeubles moches posées sur des petits magasins de quartiers, avec la petite église, le terrain de foot, des aires de jeux, toutes les commodités pour que les pauvres restent bien parqués entre eux!
à chaque pâté de maisons, sa couleur
Ça change des tacos!!
Cité ok, mais avec l’esprit de Noël!
construire un quartier en forme de papillon. Respect!!
Sinon dans le centre ville historique, le quartier de la candelaria se démarque.
On y trouve quelques souvenirs de la colonisation espagnole.
Deux très belles églises dont l'architecte et le décorateur devaient être cousins de Tim Burton.
La place Bolivar bordée de ses bâtiments administratifs qui joue à la place Saint Marc avec tous ses pigeons. On s'y croirait sans la présence de quelques lamas. Nos premiers d'Amérique latine! Dommage qu'ils soient déguisés de manière ridicule: ils ne servent que de modèles photos pour un selfie et pour balader des gamins.
Mais où est donc Beetlejuice?
la place Bolivar. Pardon, la place aux pigeons.
Depuis cette place débute la grande Carrera 7, rue commerçante piétonne emblématique. On y retrouve tous les artistes de rue de Bogotá: des chanteurs, musiciens, danseurs, mimes, jongleurs... et vendeurs à la sauvette!
Un peu partout sur les grands boulevards des églises et quelques maisons ont l'air plus ancien. Elles semblent perdues au milieu des immeubles moches. Et il n'est pas rare qu'elles penchent. Peut-être qu'elles dépriment...
Jus de canne ambulant pressé à la demande
une église perdue au milieu des gratte-ciels
C'est où l'Amérique déjà?
ah oui, c'est au coin de la rue.
Faut que j’arrête les nachos, je fais pencher la tour...
Mieux qu'à Pise, là c'est toute l'église
Pour trouver de l'air (presque) pur, il faut faire comme tous les riverains: aller au parc Simon Bolivar. Un graaand espace vert impeccablement entretenu, conçu autour d'un lac artificiel.
La balade dominicale typique.
Les familles y viennent avec tout leur barda pour fêter un anniversaire, ils s'installent sous un kiosque: musique, à manger, à boire et tout le monde festoie!
On y joue au foot, au cerf-volant, au vélo, on y fait un tour de barque, son footing, on pique nique, on donne à manger aux canards, ou plutôt aux poissons qui sont bien plus féroces et se croquent aussi bien entre-eux qu'ils attaquent les pattes des canards pour obtenir les graines jetés par les gosses.
Et c'est propre!! Et les aires de jeux sont belles, des bacs à sables tout nets malgré les chiens qui courent partout!
les amoureux qui se bécotent aux pieds des arbres géants
Pour son anniv', ils ont caché son cadeau quelque part dans le parc
On rigole pas avec les fontaines, ici!
Baston de pichons!
Mais ce qui nous aura marqué le plus pendant notre séjour c'est le fameux musée Botero.
Musée extraordinaire que celui ci! Déjà Botero était quand même drôlement prolifique entre ses peintures, dessins et sculptures je ne compte plus les salles d'expo! Mais surtout épatant! C'est beau, drôle, bizarre, triste, parfois un peu inquiétant et fou à la fois.
Ok il peint des natures mortes et des gens gonflés comme des citrouilles, mais au delà il y a les yeux, les couleurs de la peau, la lumière des décors, les vêtements, les positions, les mains! Épatant!
Et puis la petite surprise du musée c'est qu'il n'y a pas que du Botero à admirer. Dès la première salle on tombe sur Picasso, Chagall, Rembrant, Bacon, Dubuffet, Klimpt, Mirò, Braque, Matisse, Monnet...!!
Et puis comme ça, cinq minutes après être rentrés dans un musée gratuit, sans protections, pas de vitres, pas de cordon de sécurité, juste les toiles aux murs, ça fait un drôle d'effet!!!
J'en ai retenu de justesse une petite larme d'émotion devant Giacometti!
Vraiment, rien que pour ce musée, Bogotá mérite qu'on lui rende visite!
Déjà le musée en lui-même est beau
masacre de mejor esquina
el bano
pajaro pequeno
la primera dama
cardenal sentado de Giacomo Manzù
massage thaïlandais façon Botero
craneo de cabra ( Picasso )
Carolina sobre fondo blanco ( Giacometti )
Il y a tout de même une petite contrariété à vous révéler: on ne comprend pas grand chose à ce que les gens racontent.
C'est frustrant, on commençait à bien communiquer en Amérique Centrale et paf! V'là t'y pas que plus on descend plus ils mâchent leurs mots, moins ils articulent et plus ils parlent vite. On dirait des ados, les bogotanos. Et en plus le vocabulaire change encore... Je crois qu'arrivé à Ushuaïa on ne saura toujours pas à parler couramment avec les gens.
En attendant c'est avec un immense enthousiasme qu'on entame notre séjour colombien, on vous dira bientôt si on parvient mieux à communiquer hors de la capitale!!
¡Hasta luego, amigos!
En passant, la coupe de poils à la mode
et le classique de la cheminée trop étroite
