Cañon del Sumidero
"Oh allez quoi, c'est pas grave, on y va avec un tour-opérateur"
Vue la complexité d'accès aux différents sites en transports en commun, il a fallut s'y résigner et assumer: on est des touristes et on va partir en journée organisée au Canyon del Sumidero avec plein d'autres touristes.
On cueille tout plein de gens dans un minibus, et on quitte San Cristobal pour le port de Chiapa de corzo.
La route est belle, on avance à hauteur de nuages, on descend en zigzaguant le long des champs de maïs à flanc de montagne.
Au passage sur un gros panneau jaune on appréciera l'humour routier mexicain: "cédez le passage aux véhicules sans freins."
Mais ça ne fait rire que nous, visiblement ce n'est pas une blague.
Bref, nous voilà dans un petit embarcadère, avec tout plein de minibus comme le nôtre, tout plein de barques à moteur, tout plein de vendeurs de chapeaux, et tout plein de touristes qui se badigeonnent de crème solaire.
Notre guide du jour, el señor Wilfried, nous met bien en rang pour ne pas nous perdre. Uns à uns les groupes embarquent.
Passées les consignes de sécurité, on démarre en trombe.
Le décalage entre le paysage paisible de la réserve naturelle et le boucan de notre moteur est un poil perturbant.
Nos copains de bateau
Des gros moteurs, parce qu'il faut en avoiner du touriste
"Oh la belle dalle"
Le canyon en lui-même est sublime: la rivière Grijalda a creusé ce canyon naturel en traversant le Chiapas et le Tabasco pour se jeter dans le golfe du Mexique.
On se sent minuscules dans notre bateau au milieu de ces grandes falaises qui s'élèvent de 300m jusqu'à 1000m tout de même au dessus de nous!! Ça ferait de sacrées grandes voies à grimper!!
Il nous fait tourner la tête
El Escudo, estupendo!!
Très vite on fait un premier arrêt organisé: il s'agit de se faire prendre en photo sur la proue du bateau par un photographe profesionnel devant "el escudo" l'emblème du chiapas.
On comprend du coup la petite différence entre les photos des blogueurs et les nôtres: ils payent.
Ceci dit ça n'empêche pas d'apprécier l'immensité du site. C'est magnifique.
Entre les parties recouvertes de forêt dense les falaises sont ocres, grises, noires, parsemées de cactus droits comme des i et d'agaves rondes comme des pompons.
Une curiosité naturelle, comme des stalactites créées par une cascade de 800m sur une paroi de mousse forment un drôle de "sapin".
Ma chérie, ce gilet de sauvetage te sied à ravir mais ça gâche un peu le décor
Vous vous rappelez du 1er Jurassic Park?
On passe aussi par une grotte colorée où les esprits inventifs voient le corps du christ naturellement sculpté sur les murs. Les locaux ne perdant aucune occasion de prier en feront une chapelle: un portrait de la vierge de Guadalupe y est régulièrement fleuri par les visiteurs.
On fait quelques jolies rencontres, un petit crocodile prend un bain de soleil sur la berge, des singes araignées se baladent dans les arbres, des pélicans nous observent d'un air curieux, des cormorans font la course avec nous, des vautours noirs (qui puent) se sèchent les ailes au soleil...
Le petit maître en pleine méditation
Remercions les photos de ne pas immortaliser les odeurs
Tout ceci est très beau, il suffit de faire abstraction de la quantité impressionnante de déchets plastiques qui flotte un peu partout, des traces noires que nos bateaux fumants laissent traîner derrière eux, et le demi tour à la centrale hydroélectrique, pour se croire dans jurassik park...
Une lumière divine au passage
Par contre, pas une trace des diplodocus
À Chiapa de corzo, petite halte au marché où on a pu goûter deux spécialités locales préparées par "la profesora":
Le cochito horneado: du porc mariné flottant dans un bouillon épicé avec un peu de salade, des radis vinaigrés, et du citron vert ( = méga bon)
Et le pozol: boisson à base d'eau très fraîche et de poudre de chocolat et de noisette, servie dans une calebasse (= méga rafraîchissant)
On a pu y voir aussi que faute de frigo, les bouchers vendent la viande sous forme de kitoza!! Trop cool!
Sur la place principale, la Pila: fontaine andalouse du XVIème, et autour, dans les arcades: des musiciens jouent du xylophone géant à 4 mains.
C'est charmant mais il fait une chaleur de four, allons nous rafraîchir en prenant le vent des hauteurs.
Le pozol a l'air moins appétissant que le cochito: c'est un fait
Le kitoza trop cool
Suis bien la recette de la professora ou il t'en coutera
un château Andalou
La canyon vu d'en haut:
Une route (payante) spécialement aménagée pour les touristes en quête de points de vue permet de faire quelques arrêts.
D'en haut c'est tout aussi magnifique. Les bateaux semblent minuscules, et on n'aurait jamais imaginé depuis le fond, qu'à la cime de ces falaises se trouvaient des champs de maïs, une vie quotidienne banale...
Petit détail historique qui donne des frissons et renforce l'impression de vertige: au Tepehiaje, là où la falaise culmine à 1000m, de nombreux indigènes cernés par l'ennemi espagnol se sont jetés dans le canyon pour tenter d'y échapper.
Faut oser. Etre courageux ou terriblement désespéré.
Une belle bête, ce canyon
Le cañon del Sumidero est un "must see" et on le comprend: ça vaut le coup de se mélanger à la masse (relative finalement: on n'est pas sur le Nil non plus...) de touristes pour apprécier cet endroit aussi emblématique que magnifique.