La Mojarra
Ah ça, on nous l'a vendue et survendue la Mojarra!
Depuis des semaines on attendait de la disponibilité à son très réputé hotel el Refugio de la Roca, aussi prisé par les grimpeurs pour son accès direct aux falaises, que par les couples d'amoureux pour son décor romantique.
Des petits bungalows à flanc de falaises, des terrasses et plateformes avec une vue impresionnante: il a dû y en avoir des demandes en mariage et des bébés conçus ici!!
Et combien de photos Instagram à faire pâlir ses followers de jalousie!
Sauf qu'en attendant la dispo, nous, on a envie de grimper: alors en se renseignant un peu plus, on trouve un hôtel pas loin pour patienter tout en profitant du site d'escalade. Et il se trouve que notre pis-aller est formidable! Une grande chambre, avec nos baños particuliers en extérieur, taillés dans la roche, une petite terrasse rien que pour nous et une autre plus grande, partagée, avec la cuisine toute proche.
C'est beau et calme, le dueño est adorable, nos voisins de chambrée hyper sympas, on passera quelques soirées bien agréables à discuter, chanter et rire; c'qu'on est bien...
Du coup, c'est bien bête mais on est un peu tristes quand arrive enfin la date de notre réservation à côté, au refugio tant attendu!
D'autant que l'accueil est un peu... léger, disons.
Déjà, remplissage des formalités sans un mot ou un regard et surtout ne pas proposer de s'asseoir. Alors pour le sourire faut pas demander. Puis ils nous font patienter une heure 45 pour accéder à la chambre, (alors qu'ils nous avaient expressément demandé d'arriver à 15h) pour finalement, quand je viens aux nouvelles, réaliser que si, la chambre était prête c'est juste que la nénette de l'accueil n'avait pas vu la clé. Mais surtout faut pas s'excuser pour le délai.
Et puis tout de même, on a quitté une belle grande chambre claire pour une, certes charmante, mais toute petite tente en bois, non loin de la route, en contre bas, de l'autre côté de la vue.
C'est drôle comme sur les magnifiques photos du site, le mélange est tellement bien monté qu'on n'a aucune idée de ça. C'est à regretter, quitte à payer cher, de louer un de leurs bungalows de 'luxe'. Quoique non, parce que même si leur vue est incroyable, c'est tout aussi minuscule, les arbres en moins autour pour servir d'étagères, et surtout le soleil se lève en pleine face: lumière et chaleur aux premières lueurs du jour alors que le site d'escalade n'ouvre qu'à 11h.
Un peu tristes et un peu déçus, nous.
Mais ceci dit, il faut admettre: les petits recoins "chill", les multiples terrasses sur pilotis, entre les arbres fruitiers et les fleurs, la salle de yoga vitrée sont des atouts majeurs: c'est quand même un lieu exceptionnel, dans un cadre sans concurrence.
(N'empêche que si vous venez pour quelques jours, allez plutôt dormir à Juan Palitos et venez boire un verre ou manger au Refugio de la Roca pour profiter du décor et faire des photos de profil qui tuent! En plus l'accès 'public' au site d'escalade est plus joli et moins fatiguant que l'accès privé du refugio)
quand t'as plus besoin de te la jouer romantique
calme, presque luxe et quasi volupté
tellement joli qu'on n'a pas besoin d'eau chaude
la casa pour te la jouer romantique
calage stone balancing
salle de yoga où il y a bien mieux à faire que du yoga
mon fauteuil "café du matin"
placement de produit
A votre gauche, la passerelle à photos des instagrammeurs sans peur et sans vertige
Bon, ceci étant dit: on est quand même là pour grimper!!
Au détour de la mini marche d'approche on ne peut pas faire autrement que de s'extasier. Je mets quiconque au défi de ne pas faire "woaaaw" en arrivant!!
La falaise est haute, surplombe la grande vallée, avec sa majestueuse couleur rouge.
Hyyyyyper photogénique le site!
À l'entrée, le gardien des lieux dans sa petite cabane nous fait passer un test de simulation pour voir si on sait faire un relais, si on sait vérifier notre matos et notre partenaire, etc... c'est plutôt chouette et responsable cette histoire de test. Mais ça aurait été plus sympa avec un monsieur aimable. On apprendra par la suite qu'il est employé par el 'refugio'; ça doit être une exigence à l'embauche dans cet hôtel: 'surtout ne pas sourire et ne pas paraître sympathique'. Vu qu'on passera 10 jours à se voir quotidiennement, il se détendra et deviendra presque amical tout de même à la longue, mais le premier abord n'était pas gagné... peut-être un grand timide finalement.
les couleurs ocres de la Roca
Bref, je me perds à nouveau: la grimpe!
Et ben rien à voir avec Suesca!
Bon il y a toujours quelques pierres qui bougent, mais elles sont signalées, (c'est drôle d'ailleurs comme une de nos voies d'échauffement en 5c était simple en début de semaine puis s'est drôlement complexifiée en perdant 5 prises... ) un peu de gaz et des départs boulders relous en bon gros dévers mais sinon (quasi) que des voies sportives, très très peu de trad, hyper bien équipées, avec souvent, des beaux relais chainés!
Un beau topo en ligne, clair et bien mis à jour!
Deux centaines de voies, du 5a au 8b dont une belle partie accessible dans nos niveaux.
La cotation. Bon alors on n'est pas au niveau du grand n'importe quoi Suescien mais tout de même, ya un truc bizarre dans ce pays, on était plusieurs à se faire la réflexion: il semblerait que la cotation soit la moyenne de la voie. Pas le niveau max.
Du coup, il n'est pas rare de se balader dans une voie et paf se retrouver coincés au milieu. (D'ailleurs, alors que tout le site est équipé de plaquettes on trouve une belle broche qui tombe à pic pour une réchappe au moment stratégique...)
Et si on n'a pas l'habitude du bloc, comme nous, les premiers mètres sont compliqués... on est vraiment dans des démarrages physiques, pour pas dire de gros bourrins...
Du coup on se retrouve dans des situations étranges; comme devoir débuter les premiers pas dans une 7a pour pouvoir accéder ensuite à une 6a...
On a croisé pas mal de bons grimpeurs enchaîner une 6c tranquillou puis se retrouver coincés à abandonner une 5c ensuite...
On ne sera pas les seuls à trouver le site physique: beaucoup des gens nous disent travailler plus les bras que les jambes, ici.
D'ailleurs je retrouve des bouteilles aux bras que je n'avais pas senties depuis des lustres. Des belles courbatures de gainage au dos et aux abdos, mais rien aux jambes. Le monde à l'envers.
Parfois pour poser la première dégaine on grille 60% de notre énergie en tractions, et ensuite on se balade.
C'est un peu dur dur pour nous grimpeurs du dimanche de s'épuiser autant à l'échauffement.
On n'a qu'à se refaire un physique me direz vous, et vous n'auriez pas tord... mais en attendant on a envie de s'amuser à se faire peur et du bien sur des gros cailloux alors zut, le physique il viendra (ou pas) plus tard!
C'est vraiment une façon de grimper très différente, mais une fois qu'on parvient à s'adapter, qu'on arrive à lire de mieux en mieux les 'rutas': quel plaisir!
Et pour le coup, comme on avait du temps on s'est mis à faire quelque chose qu'on ne faisait jamais: travailler quelques voies.
Notre défi officiel de la semaine aura été "animals" une 6a+ réputée pour donner du fil à retordre à pas mal de monde.
Une lecture approfondie et un guidage des locaux nous donnent des pistes sur le chemin à prendre: beaucoup de jeux d'équilibre, petites traversées, décaler ses pieds de 3 cm, allonger les hanches, déplacement des mains, relancer, trouver et se contenter de maigres pinces, tout est à synchroniser au millimètre, 4 jours passés dessus et on ne l'enchaînera que le dernier jour du séjour!! Mais quelle fierté!
(Speciale dédicace à "Matrix" aussi, avec des presses horizontales et verticales, des beaux défis d'équilibriste: j'offre mon verre à celui qui m'envoie la preuve qu'il l'a enchaîné jusqu'au relais!!)
la première vue sur les falaises
photo artistique
Je cherche ma voie
En fait, je suis à 3m du sol
et hop, fais ta manip' suspendu dans le vide
la grimpe, c'est de la grâce avant tout
gné trouvé du réseau
le Refugio, un endroit propice à la détente
Bon en tous cas, c'est peu dire qu'on a pris notre pied sur ces falaises.
On a rencontré des gens adorables, de grands habitués du site, qui y passent deux mois pleins, voire plus, prêts à vous aider à lire, à poser la première dégaine, à vous éviter d'abandonner un maillon rapide, à vous encourager.
Et puis tous les soirs, on se retrouve avec un jus de fruits, un lassi ou une bière, sur la plus belle terrasse qu'on puisse fouler du pied, sous un magnifique ciel étoilé.
De la même façon qu'on nous l'a vendue, on vous recommande plus que chaudement de visiter pour une nuit ou de passer quelques semaines à grimper ce site spectaculaire qu'est la Mojarra, Mesa de los Santos.
alors ma chère, le cadre est il à la hauteur de vos attentes?
Nb: Pour un long séjour, vraiment, allez dormir au Juan Palitos, et profitez des infrastructures, de la boulangerie et de la très bonne cuisine du Refugio! (Vous économiserez bien des sous et gagnerez en confort, même en payant les droits d'entrée au site dont vous êtes exemptés en séjournant au Refugio.
Il y a des guides, pour débuter en escalade, ou pour vous perfectionner, ou juste vous assurer.
Il y a aussi une jolie via ferrata (2h/2h30 de parcours) à faire guidé ou en autonomie mais ça se termine en rappel donc ne pas oublier de se tringueballer une corde!