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Dulce vida

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Après un passage express dans la ville de Quetzaltenango (Xela, pour les intimes) nous avons posé nos sacs à San Pedro, parfait spot de villégiature.

Une petite ville au bord du très majestueux lac Atitlán, de 14 000 âmes, dont 90% sont des mayas Tzutujils. On s'en rend vite compte, il est rare de voir une femme sans son habit traditionnel et on entend plus souvent la langue tzutujil que l'espagnol quand on tend l'oreille.
Langue très complexe, au passage, avec des consonnes qui n'existent que dans les films de science fiction. On dirait un mélange de flamand et de la langue de Jabba le hutt.
Par exemple, pour prononcer le mot k'ahk' qui veut dire "feu", imitez le bruit du lémurien contrarié mais en ouvrant la bouche. Un claquement de gorge résonne dans votre palais? C'est bon, vous venez de dire "feu"!

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les costumes traditionnels
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le portable traditionnel

C'est aussi une ville particulière parce qu'elle a banni le plastique depuis plus d'un an. Les sacs à usages uniques, les pailles, emballages et barquettes en polystyrène.
Ici, toutes les maisons trient les déchets organiques et le verre.
Et quand on va au marché, (n'espérez pas trouver un supermarché ici) on récupère son poisson dans un emballage papier, sa viande dans une feuille de bananier et surtout n'oubliez pas votre sac en tissu pour emporter vos fruits et légumes.

Même si on se doute bien que la vie n'y est pas toujours facile pour tout le monde, il plane une certaine sérénité ici.
Hormis quelques grands axes, on se balade surtout dans un dédale de petites ruelles ou des rues étroites que seuls les piétons, les motos et les tuktuks peuvent emprunter.
Et quelle collection de tuktuks!
On en compte plus de 150 (officiels) qui pétaradent dans la petite ville. C'est le taxi quotidien pour bon nombre de locaux, les trajets sont courts mais ça grimpe...
Comme des taxis parisiens à montparnasse, ils grouillent à partir de 22h50 à la sortie des bars, à la centrale des bus et aux embarcadères.
Le bateau restant le moyen le plus rapide et le plus sûr pour se déplacer ici, étant donné que des montagnes et volcans abrupts entourent le lac.

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Le Bat-tuktuk
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Le disco-tuktuk
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Le n'importenawak-tuktuk
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L'autocollant-tuktuk

C'est une ville réputée festive aussi, on trouve plein de terrasses aux ambiances et décors différents face au lac.
On aura profité de la douceur des soirées pour rester en extérieur même de nuit, savourant les cocktails en écoutant des concerts ou open mike.
On était bien heureux de trouver un logement un peu en retrait, bien au calme. Mais depuis peu, de toutes façons, tout absolument tout ferme à 23h.
Quelqu'un aurait posté sur facebook une jolie photo d'une joyeuse bande de fêtards dans un bar avec au premier plan une montagne de cocaïne sur la table... le bar étant très reconnaissable, la municipalité a pris des mesures drastiques et dorénavant TOUS les bars et restaus doivent éteindre la musique à 23h...
Des bateaux prennent le relai dans la nuit pour conduire les fêtards qui n'ont pas sommeil à Panajachel, plus grande ville à l'autre bout du lac.
Mais nous ne les testerons pas puisque chez nous, à la "casa buena vibra", nous avons tout ce qu'il faut: une superbe terrasse, une cuisine, des frigos et des gens formidables à rencontrer. Le lundi, en saison touristique, notre logeuse Java et son mari Po, organisent un après-midi jam session: des musiciens, à boire, à manger. De quoi largement oublier le temps qui passe et réaliser trop tard que la nuit est tombée depuis longtemps...

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Autant être franc, on a passé du temps sur cette terrasse
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Jam session ou chile session
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Photo unique de nachos en train de se noyer
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allez! cette année, Cannes, c'est à San Pedro

Mais les autres jours, on n'en a été que de plus studieux écoliers.
Deux semaines de classes privatives à Mayab spanish school.
L'école la plus jolie qu'on puisse imaginer!
La salle de classe, c'est du mobilier de jardin et un tableau veleda suspendu sous une paillote. Au milieu d'un magnifique jardin tropical, avec ses palmiers et ses orchidées. Les oiseaux chantent et volent tout autour de nous, les chats viennent courser les lézards, la chienne de l'école, Taera, chasse les indésirables, se dore la pilule au soleil ou vient réclamer une gratouille de temps en temps, il y a une piscine et un petit bar coloré entre les paillottes de classe... il fait bon vivre dans cette école!
On apprécie également les cours privatifs, les profs s'adaptent à nos niveaux et nos centres d'intérêts. Bruno gagne du vocabulaire en se baladant à moto pour visiter le marché, le stade de foot et surtout grignoter toutes les spécialités avec son prof Juán, pendant que Norman m'apprend la conjugaison avec les actualités du Venezuela, de la Bolivie et surtout de belles légendes Mayas.
Les deux sont très impliqués dans leur boulot de prof, et aiment par-dessus tout rencontrer des étudiants de différents pays; on parle aussi fromage, émancipation de la femme, lémuriens, rituels malgaches et politique intérieure française...
Un véritable échange qui rend les cours toujours passionnants et animés.
D'autant plus appréciable qu'il est difficile d'aborder des inconnus (sobres) pour causer de leur spiritualité ou de leurs conditions de vie, la seule solution, le petit musée Tzunun'ya et nos profs.

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Salle d'interrogatoire d'espagnol
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Sûr que tu ferais pas ça fin novembre à Lille

En dehors de notre quotidien studieux, on a pu profiter également du volcan San Pedro sur le flanc duquel la ville est agrippée.
Tous les matins il nous toise dès le petit-déjeuner, il nous domine de près mais de haut.
Alors puisque il nous met au défi, on se motivera dès le premier dimanche de libre.
Réveil à 3heures du matin, Juán, le prof de Bruno passe nous prendre en moto à 3h45, et nous commençons l'ascension avec notre guide, Salvador, à 4h pile.
Je le connais ce volcan, je l'admire tous les matins. Je vois bien que forcément, ça grimpe. Mais ceci dit je ne m'attendais pas forcément à une telle inclinaison...
Des marches. Des escaliers de terre, de pierres, de pneus... bon sang que c'est raide!
Au cours de la marche, deux miradors en bois permettent de s'arrêter reprendre son souffle. Uniquement de bons prétextes puisque la nuit est noire: il n'y a rien à voir.
Mais Salvador et Bruno sont de vrais cabris que je peine à suivre, alors je fais mine de savourer la vue.
Les guides guatémaltèques, ils ne marchent pas au rythme 'visorando': on presse le pas et hopopop! On avance!
Sur le sentier, le jour se lève lentement et petit à petit, on peut éteindre les frontales.
Les oiseaux se réveillent. Une bande son de documentaire. Des chants incroyables. D'un peu partout autour. Certains oiseaux sont très bavards et ont une voix très évoluée, des sons différents, des mélodies variées et longues!
Pendant que les deux dahuts, une centaine de mètres devant moi écoutent des toucans, en aval je fais la rencontre d'un gros oiseau noir. Est ce que c'est le dindon guatémaltèque endémique qui ne vit que sur ce volcan? Aucune idée!
Au bout de deux heures, Salvador nous annonce qu'on est bientôt arrivés. (Déjà? On m'avait parlé de 5heures de marche?!?)
Par contre il nous demande, comme ça, en passant, si on a nos passeports sur nous. "Non? C'est bien."
Il nous donne le programme:
Dans quelques minutes on arrivera à une petite cabane. Après, on ne s'arrêtera plus jusqu'au sommet. On reste un quart d'heure là haut mais on ne tarde pas trop. Il faut qu'on soit ressortis de la zone critique avant 8h.
Si on reste là haut plus tard, on a plus de risques de tomber sur des 'bandidos'.
Il n'a pas l'air très rassuré.
Et ce n'est pas très rassurant.
Au moins, ça a le mérite d'être efficace: je ne me fais plus distancer par les garçons jusqu'au sommet!!

En haut, on se retrouve face à une vue époustouflante. On comprend pourquoi le lac Atitlán est souvent décrit comme le plus beau du monde...
Le ciel est clair, on peut voir l'autre rive, les montagnes d'en face. Et puis devant nous le volcan Atitlán, au loin l'Acatenango (notre prochain objectif) et entre les deux sans en apercevoir le sommet, on peut admirer une petite éruption: le Fuego est réveillé, il éructe un petit nuage de fumée tous les quarts d'heures.
C'est beau et ça nous donne hâte de grimper les autres!

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La récompense
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et un petit déj' que les bandidos nous auront pas piqué.
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Le pet nuageux que l'on aperçoit, c'est le Fuego qui éructe

À la redescente, pour Salvador, pas d'excuses pour faire une pause. Il ne veut pas traîner dans les parages. Mais c'est bien agréable de pouvoir observer ce qui nous entourait à l'aller.
On découvre des abuelos, des arbres centenaires magnifiques, des orchidées tombées du ciel, et les vues, superbes. On termine à travers des champs de café, d'avocatiers, de maïs: on comprend mieux les ombres étranges qui nous encerclaient dans l'obscurité.
Il n'est même pas 9heures quand on libère notre guide.
On nous parlait d'un ascension dont on mettrait une semaine à se remettre, et finalement on est arrivés au sommet en 2h30... Alors certes ça grimpe méchamment et je ne parlerai pas de doigts dans le nez, cependant c'est ardu, mais très court!
Alors vraiment, n'hésitez pas si vous vous baladez un jour par ici! La vue vaut le détour! (Et la vie vaut le guide)

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à la descente, on profite plus que la nuit avec une frontale
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Le grand père de la forêt
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vue du départ, on apprécie encore plus nos courbatures

Pour toutes ses raisons et plus encore San Pedro la laguna nous apparaît comme une petite ville dont la douceur de vivre rend le départ difficile...

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Une jolie vue depuis le bus aquatique
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Et une danse pour finir
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