Art et dessèchement:
de la terre au musée
La momie voyageuse est un homme totalement nu, aucun vêtement n'a entravé le processus de momification il n'a donc aucun "trou" dans la peau, toutes ses dents et pas mal de cheveux et poils. Il est donc rare et célèbre; il voyage dans le monde entier le temps d'une expo ou d'un événement...
China girl et la momie voyageuse
Le musée de la momie
(Et le musée du culte de la mort)
Bien bien bien...
Alors le musée de "las momias" est une des attractions phares de Gto pour les mexicains, et une curiosité aussi macabre que fascinante pour les autres.
Les corps ont été préservés naturellement, conservés dans une crypte, profondément enfouis sous la surface du sol et isolés de l'oxygène et de l'humidité de l'air ambiant.
Les conditions idéales pour stopper le processus de décomposition d'où une momification spontanée.
Mais qui sont ces gens?
Pour une partie, ce sont des victimes d'une grande épidémie de choléra datant de 1833, ils ont été inhumés tous ensemble dans une grande crypte derrière le cimetière.
Pour l'autre partie c'est (encore) moins fun:
Les corps présentés ont été exhumés entre1865 et 1958. À cette époque, il n'existait pas de concession à perpétuité: les familles devaient payer un impôt pour que la municipalité conserve leur proche décédé.
Lorsqu'elles ne pouvaient ou ne voulaient pas payer: les corps étaient alors exhumés et conservés entassés dans la crypte derrière le cimetière.
Grâce aux sels contenus dans la terre 2% de ces cadavres étaient déjà momifiés, ceux-ci ont donc pu garder leur parfaite conservation dans la crypte.
Dès le début du XXeme, les fossoyeurs se faisaient donner quelques pesos pour entrer et voir les momies, c'est depuis devenu un musée officiel.
Anna
Dulce
Teodoro
Bébé Enrique: parce qu'il y a aussi des bébés dans les cimetières... et en parfaite conservation, souvent avec leurs plus beaux habits. Au-dessus, les photos des parents avec leur enfant décédé.
La plus grande attraction du musée est la momie la plus jeune du monde: un fœtus de 6 mois, avec sa mère de 40 ans. Tous deux parfaitement conservés.
La plus curieuse des curiosités: un mini embryon, retrouvé intact au milieu des restes de sa mère en décomposition. Elle s'est suicidée à cause justement de cette grossesse hors mariage: visiblement elle n'avait pas tort sur le fait que sa famille n'approuverait pas: personne n'a payé pour son inhumation et la voilà au musée.
Ignacia : brûlée vivante, et on voit qu'elle n'a pas aimé.
Griselda qui semble prier
Outre les cercueils cloutés, les guillotines, les étaux pour crâne, on trouve aussi un magnifique modèle de ceinture de chasteté de l'époque coloniale. Si mesdames conservaient leur vertu, je me demande si elles ne chopaient pas le tétanos...
Une photo qui peut déranger, celle d'un angelito. Mais ici, la "muerte" est désinvolte, la "Catrina" est irrévérencieuse, sans angoisse et amicale. voici bien un exemple frappant du rapport des Mexicains à la mort.
A la sortie du musée, nous nous baladons dans le quartier de "los platitos" et réalisons qu'il est agréable de respirer le grand air, de voir les vivants discuter, danser le tango, de voir toutes ces couleurs, partout, comme sur cette gare abandonnée et ce wagon exposé en face d'elle, et enfin se rappeler que c'est bon de ne pas avoir la peau sèche...et d'être en vacances!