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L'ascension du volcan Acatenango

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C'est pas qu'on visite Antigua exprès pour ça mais quasi...

 

On l'avait déjà repéré depuis la France il y a presque un an l'Acatenango... 

Et puis de "forums" en "groupes" il revenait souvent comme LA rando à ne pas louper, et puis voilà qu'à San Pedro on croise des voyageurs qui en reviennent aussi émerveillés qu'usés: "le froid, le vent, le dénivelé mais quand même la nuit magnifique, les paysages..."

C'est un volcan endormi, pas d'activité depuis 1972, mais le 3ème plus haut d'Amérique Centrale et du Sud, et surtout il offre une superbe vue sur le volcan El Fuego voisin qui lui est bien réveillé et très actif. 

Alors voilà; on prend leur contact et on réserve. 

On part avec une asso familiale.

Anciennement Aprode, V-hiking tour, qu'on vous recommande très très chaleureusement. 

Quand Elvin vient nous chercher, c'est pour nous conduire directement dans la cuisine de sa mère. Petit dej on ne peut plus typique, avec toute la famille qui se réveille et passe au fur et à mesure chercher ses frijoles et son café... l'ambiance est posée: c'est pas le luxe international mais c'est convivial chaleureux et authentique. On va être bien. 

 

C'est le tonton Guillermo qui nous accompagnera aujourd'hui. Avec son gendre qui vient apprendre le métier, Mario.

Vérification du sac; il nous faut 7 litres d'eau, on a déjà doudounes, coupe vents, polaires, sous couches et doubles chaussettes, il nous rajoute chapkas et moufles, le déjeuner et petit dej du lendemain. Bon. On ne voyagera pas léger-légers, on n'a pas l'habitude... 

Au programme de cette journée, on a 1200 mètres de dénivelé à grimper sur 7,1km, juste pour arriver au campement de base. On prévoit 4 à 6 heures et des pauses toutes les demi heures. 

Très rassurant le discours: "c'est pas un concours alors on marche tranquillou, on reste groupés, et on s'attend" 

Ouaip... tu parles... encore une rando où je souffle comme un zébu, où on m'encourage gentiment pour finalement apprendre à l'arrivée qu'on m'a fait cavaler pour grimper ça en un temps record!

En attendant les 2 premiers kilomètres sont moyennement rigolos: avec les guatémaltèques, décidément, ya jamais de préliminaires: paf! Ça commence et on y va franchement directement!!

Déjà l'inclinaison, mais aussi le soleil, la chaleur et puis le sable. Non mais le sable!!

Ça devrait être interdit des treks dans le sable! 

On avait déjà connu le "trois pas en avant pour 2 pas en glissade arrière" au Nevado de Toluca. Et bien pareil. Un enfer. Enfin non, parce que le véritable enfer il allait venir plus tard.

La vue qui s'offre à nous tente de nous faire oublier les cuisses qui brûlent. En face le volcan Atitlán, plus loin le San Pedro qu'on avait grimpé quelques jours plus tôt, et au loin on voit même le Santa Maria, (qu'on avait laissé tombé vu les prix exorbitants demandés par les quides de Xela) on est au milieu de la chaîne volcanique du pays, quelle vue!!

Au bout d'une heure et demi  on arrive à l'entrée officielle du Parc naturel. 

En face du guichet d'entrée on peut admirer el abuelo, un cousin de notre chêne, de 1500 ans.

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ZE team avec Mario, Guillermo et Georges
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...laisse mes mains sur tes haaancheu...
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à 1500 ans j'appelle ça un muy muy viejo abuelo

L'heure et demi suivante se fera plus dans la jungle.

On commence à rencontrer plus de monde, beaucoup descendent avec une mine fatiguée et nous lancent des "bonne chance" en soufflant comme des buffles. Oui, beaucoup de bovidés sur ce chemin. 

Après les escaliers, (avec ses marches impossibles; comme celles du Verdon, vous voyez, celles bien trop hautes qui arrivent au genou et ne permettent que de faire un pas et demi, pour s'assurer que vous travaiillez toujours la même  jambe...) Les allées de sable deviennent chemins de terre. Parfois glissants, mais c'est plus dû aux degrés de la pente qu'au sol lui-même... 

On apprend que dans cette jolie forêt vivent des quetzals, l'oiseau emblème national. La reserve naturelle du biotopo nous explique qu'ils ne persistent plus que dans un seul endroit au monde mais finalement, ils y auraient plusieurs petites familles aussi sur l'Acatenango. Pour le dindon noir aussi d'ailleurs. 

Bref, ça monte toujours aussi dru et je suis bien heureuse quand on arrive au "tunnel" (qui n'est pas du tout un tunnel, juste une allée large, que les locaux qualifient de "plate") 

 

La vue est superbe: on fait face au volcan del Agua, on voit bien les rues quadrillées d'Antigua, les villes voisines de Chimaltenango, Agua thermales... et on aperçoit même des immeubles au fond: c'est la capitale, Guatemala City.

Les flancs de montagne que l'on traverse sont magnifiques aussi. Des petites fleurs de montagnes, jaunes rouges violettes roses bleues, des chardons géants et jaunes, on apprend qu'ils s'appellent ici "cardo santo" et sont très utilisés pour la tension, les angines de poitrine, et un peu tout ce qui est faiblesse cardiaque... vu le prix de la santé ici: il faut s'adapter.

Des beaux buissons, mélanges de feuillus, palmiers et bambous et des pins, des pins partout, on se croirait dans les Landes!

Et le vent dans les épines produit le même bruit que sur la côte Atlantique, on se croirait à la mer. 

Et puis de temps en temps un bruit sourd, un lourd grondement: c'est lui! Le Fuego! Il est bien réveillé, et il n'a pas l'air content.

Au virage suivant, on l'aperçoit enfin! Il laisse échapper des nuages de fumée noire, grise ou blanche. (Les petits pets que l'on voyait depuis le lac d'Atitlán sont tout de suite plus impressionnants!!)

Toutes les 5, 10 ou 15 minutes il nous offre une éruption! Et surtout le son grave de l'explosion fait résonner la poitrine.

On s'approche toujours de plus en plus émerveillés par le paysage, en faisant bien attention à regarder ses pieds de temps en temps, parce que les gravillons volcaniques sont glissants et les sentiers étroits jusqu'au campement de base. 3600m.

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Et une, et deux, et trois éruptions!
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Je vous fais visiter, la cuisine - salle à manger...
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... Et les chambres avec vue

Superbe vue!!!

Et puisqu'on a marché à toute vitesse (grrr!) on a 3h30 d'avance, tout l'après midi à tuer avant le coucher de soleil qu'on va aller admirer quelques centaines de mètres plus loin. 

Avec notre compagnon de marche, George, un allemand en voyage à durée indéterminée en moto, on passera l'après midi à admirer la vue sur nos trois volcans, (Agua, Pacaya et Fuego) la mer de nuages qui s'épaissit sous nos yeux, et tenter de prendre en photo LE moment parfait. 

Ce qui évidemment ne fonctionne pas, les plus belles images on les gardera dans notre mémoire...

 

Le soir, on se retrouve assis sur des roches à attendre que le soleil se couche sur la mer de nuages, c'est superbe mais le Fuego et ses éruptions volent très clairement la vedette au soleil...

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En attendant de prendre le cliché parfait
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Finalement, Cannes ce sera à Antigua!
On n'est pas bien, là?
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Evidemment qu'il vole la vedette!!
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quoique c'est beau quand même

Et puis au fur et à mesure que la lumière du jour disparaît, les fumées du volcan se teintent en jaune orangé, on aperçoit de mieux en mieux les roches qui volent propulsées par l'explosion! Et on distingue de mieux en mieux l'incroyable bruit de ces roches volcaniques qui retombent et roulent très vite le long de la pente jusqu'au pied du volcan.

Plus la nuit s'assombrit et plus le spectacle est époustouflant. Il faut le voir ce cracheur de feu s'époumoner comme un fou et baver lentement sa lave rougeoyante!

Et ça fait plus de 10 ans que ça dure. 10 ans qu'il crache toutes les 5 minutes. Il y a 5 ans, il s'est endormi deux jours: les gens se sont inquietés et à raison! Dans une explosion assourdissante un pan entier du volcan s'est fait expulsé dans les airs, laissant la lave déborder sur tout le versant Sud. 300 personnes vivant en contre bas auront "disparues". Et comme si de rien n'était, depuis cet épisode il se remet à cracher à son rythme habituel, tranquillou.

Guillermo, en expert vulcanologue et historien du site, (il est né au pied de ce volcan il y a 57 ans tout de même...) nous raconte le fonctionnement, les différentes éruptions, les histoires locales autour du feu pendant le dîner.

On parle aussi conditions de vies au Guatemala, éducation, système de santé, petits boulots et grandes ambitions.

C'est toujours d'une grande richesse les échanges avec ces hommes et femmes qui ne connaissent que leur pays. 

 

Et le repas se ponctue du spectacle incroyable de notre feu d'artifice géant. 

Ça ne donne pas envie d'aller se coucher... on resterait bien là à l'observer toute la nuit.

Mais demain le réveil est à 3h45. Alors on s'endormira dans nos tentes ultra confort, bercés par le vent qui se lève et les explosions de notre bruyant voisin.

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Ça en jette, hein?! 
Evidemment, en vidéo c'est pas aussi beau mais quand même!
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Antigua est verte, et au loin
Guatemala City brille en jaune

À 4h du matin, on est bien contents d'avoir des moufles et des chapkas en plus. On a vite chaud dans l'effort de la montée (il est là, l'enfer) mais un vent comme on n'en voit qu'au cinéma nous agresse à mi parcours.

L'enfer donc: nous avons deux heures pour gravir les quasi 400m de dénivelé qui nous séparent du sommet officiel de l'Acatenango. 

On zigue et on zague en belles côtes, les esprits positifs diront qu'on est vite chauds du coup... 

Puis dans l'obscurité on devine ensuite qu'on avance sur un sentier gravillonneux étroit à flanc de rien. Une pente forte de gravillons volcaniques en amont, une pente raide de gravillons volcaniques en aval. 

Et au détour d'un virage: le vent. 

Il ne rigole pas le vent. 

Juste de quoi y goûter et de réaliser qu'il faudra vraiment faire attention à ne pas se laisser emporter et on s'assied à l'abri d'un passage rocailleux. 

J'entends pas grand chose du briefing mais il semble qu'on soit tout près, dans 15 minutes (pour les chicos, 20 minutes pour l'escargotte) on sera au sommet. 

Le vent nous pousse en transversale et on surplombe un mur vertical à droite, alors on n'écarte pas les bras, on ne joue pas à se pencher, on fait gaffe. 

C'est plutôt cool de marcher à la frontale et de ne rien voir dans ces cas là. Ça fait moins peur...

Ceci dit c'est le quart d'heure le plus dur du monde. Le vent glacial, la pente, (c'est même plus une pente: on remonte un toboggan avec cette inclinaison!) Et ce satané sable volcanique... un pas sur trois me fait reculer, et en plus le vent le soulève, on le respire, il nous griffe le visage et fait pleurer les yeux. Rajoutons au passage la lenteur des mouvements due à l'altitude... c'est long comme quart d'heure.

la méchante brise du matin

Arrivés au sommet on doit attendre le soleil qui se fait désirer. On se précipite dans le cratère pour tenter de se mettre à l'abri du vent. Ça protège à peine...

On se refroidit à vitesse grand V, et dès qu'on veut se lever pour refaire circuler le sang, on se reprend une bourrasque continue... notre compagnon de route allemand n'aura profité de rien, prostré accroupi dos au vent. Nos guides discutent comme si de rien n'était allongés dans la poussière. Bruno brave les éléments pour tenter d'en garder des images, je ne le rejoindrais que pour graver l'image dans ma tête, incapable de sortir mes mains des moufles et l'appareil photo de ma poche. 

 

La redescente est beaucoup plus rigolote. Il fait jour donc on voit où mettre les pieds et de grands sauts permettent d'alterner le saut à ski et le surf sur sable... Vingt minutes pour redescendre ce qu'on a mis une heure et demi à monter.

 

Une fois arrivés au campement, le temps d'allumer le feu, s'épousseter un minimum et le café est servi. 

Il fait maintenant grand beau temps et on peut voir le Pacifique au loin derrière notre volcan. 

Il y a pire comme petit matin... 

On peut admirer les villes en bas se réveiller, quelques dernières éruptions pour dire au revoir, et il est temps pour nous d'enlever quelques couches de vêtements pour redescendre sous le soleil. 

 

Je ne sais pas quel est le pourcentage de la population mondiale qui a pu apprécier ce spectacle mais on ne peut pas se sentir autrement que privilégiés après un trek pareil... 

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Lever de soleil tant désiré
ÇA, c'est fun! (et presque facile)
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Si vous voulez ressentir l'apaisement dont on a pu profiter en admirant la puissance incommensurable des éléments et la vitalité de la Terre, passez par V Hiking Tours! Elvin et sa famille peuvent même vous accueillir la veille dans leur maison, avec le petit chat le plus câlin du monde, le veau Diego tout doux qui se balade dans le jardin, et sa maman-vache pour un lait frais le matin... vous ne le regretterez pas!

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