Minca
Ou la capitale des bêtes qui piquent.
Après la grosse ville de Cartagena on avait décidé d'aller au calme en pleine nature, fuir un peu la foule.
Déjà parce qu'on n'est pas très à l'aise dans les grosses villes, mais aussi pour que nos nouveaux compañeros de voyage aient un peu de temps calme pour récupérer du changement radical de climat et d'horaire.
Bon.
Dans la jungle, et en particulier dans notre hôtel, en effet il n'y a pas grand monde. En humains. Mais beaucoup beaucoup beaucoup de monde en insectes.
déjà l'envie de se baigner
Depuis la ville de Minca, il nous faut prendre un 4x4 pour rejoindre notre logement. Et c'est pas pour faire classe, une petite route en pierre et terre bien cahoteuse: ça secoue...
On s'enfonce vers le rien du tout entre les montagnes.
On arrive dans une belle grande maison au milieu des arbres tropicaux, de belles pierres et de grandes racines entourent la terrasse, et surtout un joli petit chemin rejoint la rivière au pied de l'hôtel.
Avec des roches, ils ont formé un petit barage-bassin: il n'y a pas beaucoup de piscines qui puissent rivaliser avec ça!! C'est frais, c'est beau, en pleine nature, tout frais dans cette chaleur étouffante, grand luxe!!
Nous sommes idéalement situés pour aller se baigner dans les cascades de Pozo Azul, une 10aine de minutes à pieds, ce qui nous permet d'en profiter quasi seuls avant que la foule de touristes n'arrive.
Un petit sentier escarpé nous permet de remonter les multiples bassins de la rivière, les multiples cascades, on sent le frais de l'eau courante, on est à l'ombre, ce serait parfait si quelques uns ne sentaient pas déjà quelques petites bêtes piquer leurs mollets...
On trouve un chouette petit coin, baignade dans des toboggans naturels entre les grosses roches, des vrais gosses à jouer sur les cailloux! Petit bonheur de fraîcheur!
Sur le retour, on reste effarés de la foule arrivée en masse au début du parcours. Ça s'entasse comme dans une piscine municipale chinoise, ça prend des selfies dans toutes les poses, ça crie, et dans tout se brouhaha on entend "dernier appel pour le groupe A, on y va!!" Ok. Donc ils ont payé une visite guidée, se tapent une heure de bus pour rester à peine une demi heure serrés comme des sardines seulement sur le premier bassin?!? Pas glop!
On est bien contents!
Sauf qu'en rentrant on fait le bilan sur nos jambes... ça gratte, ça pique, ça volette de partout: les moustiques encore, c'était à prévoir et on a du répulsif mais c'était sans compter sur ces horriiiiiiibles petits moucherons qu'on ne sent pas mordre, qu'on voit à peine, et qui laissent de belles marques rouges bien inflammatoires.
Finalement, suis contente d'avoir manqué le trek de la ciudad perdida, 4 jours de marche dans la jungle à subir ces bestioles, non merci!
la piscine naturelle de l'hostal
l'impasse du pozo azul
dans une heure, il y aura une centaine de personnes en plus
Allez, t'es jeune, tu crains pas le froid
les aventuriers de la matinée
nos amis les moucherons. Et ça gratte pire que des moustiques!
Le lendemain, on se prévoit une petite randonnée pour aller visiter d'autres cascades; celles de Marinka à 8km de là.
Affaibli par l'assaut particulièrement cruel de nos nouveaux ennemis ailés (et par la cuisine locale): on a perdu un membre de la troupe. Nous marcherons à trois.
On croise des petits groupes de touristes à jumelles, pour un safari oiseaux tropicaux. Il paraît qu'on a vu un toucan d'ailleurs. Disons qu'on a furtivement entraperçu le froissement d'ailes d'un gros truc noir qui s'avérait être un toucan, plutôt...
Mais le long de la route des chants très originaux nous accompagnent entre les bambous géants, les fougères arborescentes, les cousins des bagnans, les bananiers, manguiers, papayers et cocotiers...
À l'heure où la chaleur se fait pesante, la pente devient raide et les arbres plus rares. Les panneaux se font blagueurs aussi. "Marinka à 1800m" puis "Marinka à 2000m".
Puis la blague devient moins marrante quand tous les 200m on croise une pancarte "cascadas à 200m"...
Bref, c'est bien pressés de se mettre à l'eau qu'on arrive sur le site et qu'on profite du bassin sous la cascade tous seuls comme des rois!
C'est ça qu'est bon!!
Sur le chemin du retour on croise beaucoup, beaucoup trop de gens, tout rouges, qui vont se baigner. On est bien heureux de s'être levé plus tôt pour profiter seuls des lieux parce que c'est charmant mais tout petit! Les rochers autour du bassin ne permettront jamais à tout ce monde de profiter pleinement!
A la recherche du toucan
douche du matin
un filet d'eau perdu dans la jungle
encore une piscine naturelle
La marche de retour est beaucoup plus aisée, ça descend, mais au bout de deux heures on est tout de même soulagés d'arriver et de retrouver notre piscine naturelle pour se re-rafraîchir!
Ah vraiment cet hôtel serait paradisiaque sans ces bestioles partout! D'accord il est normal de se faire attaquer par les insectes dans la jungle mais le personnel de l'hôtel ne fait pas grand chose pour arranger la situation. La cuisine, ouverte évidemment, est dans un état lamentable. Des poubelles ouvertes, des restes de tout et n'importe quoi traînent sur les côtés... on comprend aisément pourquoi leur restaurant sert des spaghettis à la tomate ou des spaghettis à la tomate: qu'est ce qu'on pourrait faire de mieux dans ces lieux?! Oui parce que la cuisine des clients, c'est aussi la cuisine du restaurant. Ça n'invite pas à la gastronomie quand on doit laisser la priorité à la cuisinière (pas forcement très aimable) pour utiliser LA poêle...
Vraiment quel dommage un décor aussi paradisiaque et un total désintérêt du personnel...
Bref, notre paradis perdu au milieu de rien, c'était bien sympa, mais pas du tout reposant finalement.
Alors changeons de la moiteur pour aller passer trois jours dans le désert!!
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Guajira, terre de pirates et d'indigènes redoutables guerriers, nous voilà!!
juste avant la chute
toujours prêt pour la siesta sur hamac suspendu
Et puis....
Et puis l'ELN, l'armée de libération nationale, en a décidé autrement.
C'est un groupe armé plus coriace que les FARC puisqu'eux ont refusé de signer l'accord de paix de 2016.
Ils ont annoncé une "grève armée" pile le weekend de notre passage dans la péninsule.
Il se trouve qu'ils sont notamment très actifs près de la frontière vénézuélienne. Le fil d'Ariane nous conseille de nous terrer dans nos hotels et de faire des provisions pour ne pas avoir à sortir pendant 3 jours. Cependant, la population locale n'a absolument aucune inquiétude. De fait, tout le monde s'en fout ici. Pour se rassurer je demande au consul de France de la région si notre périple est dans une zone à risque. Le bonhomme ne se mouille pas: aucune précision. Il fait de jolies phrases mais en gros j'entends: "fait ce que tu veux mais je t'aurais prévenue".
Bon ben on sont bien qu'on ne profitera pas sereinement du décor, alors annulation.
On va retourner sur les plages de Palomino pour se détendre et aviser.
Et puis....
Et puis sur le chemin vers le Nord, pendant notre trajet, le bus freine brusquement.
La voiture devant nous a pilé.
Une femme vient de se faire abattre.
Son corps gît au beau milieu de la route, avec une grosse auréole toute fraîche de sang sur la poitrine: c'est une exécution.
Alors voilà!
Nous on se casse la nénette à clamer que la Colombie c'est magnifique et super safe et paf! Voilà comment on accueille nos nouveaux arrivants?!?!!!
Un blocage armé de révolutionnaires et un meurtre sous nos yeux?!
Bravo! Super!
Enfin... quelques jours de plage à ne rien fiche devrait nous remettre de nos émotions pour repartir rassérénés et on se retrouve pour la suite de nos aventures à Medellín!!
À bientôt!
(Ouais, c'est la cité de Pablo Escobar, Comuna 13, etc... mais promis ça sera safe!! 🤣😉)