top of page

Palomino

IMG_20200119_165334.jpg

Encore un petit bled recommandé par tous!

"C'est magnifique!" "À ne pas louper" "village hippie", "très tranquille" "préservé du tourisme de masse"...

Alors forcément, nous, pour notre première étape caribéenne, on n'hésite pas à enchaîner les 18 heures de trajet pour se poser sur une plage paradisiaque!

 

Comment dire...

Le mot 'déception' est un peu fort, mais on s'est retrouvés tout de même un peu dépités à l'arrivée. 

Déjà, avant l'arrivée. Sur le trajet dans la nuit on s'aperçoit que plus on avance plus c'est sale. Des poubelles éventrées partout sur les bords des routes, du plastique coincé sur les câbles électriques, des bidonvilles insalubres... À notre escale à Santa Marta, ville portuaire plutôt industrielle: on sent en plus la chaleur et l'odeur des fruits qui ont pourri sur les arbres, mélangée à celle des hydrocarbures du central de bus, c'est vraiment pas terrible. 

WhatsApp Image 2020-01-25 at 12.29.15.jp
des déchets sur 80 kms de route
WhatsApp Image 2020-01-25 at 12.31.01.jp
la rigole d'évacuation des eaux a perdu de son utilité

Arrivés ensuite à Palomino, pas de bol: il fait tout moche et gris. Et toujours une chaleur de bête. Du coup, pour les couleurs d'eaux bleues vertes turquoises, c'est râpé. 

Et puis la plage est minuscule. On nous a conseillé de marcher au bord de l'eau pour aller rejoindre l'embouchure de la rivière Palomino pour se baigner.

Impossible de marcher au sec, il reste peu de place au bord de la mer trop haute qui lèche la forêt toute proche. En soit, c'est plutôt chouette de se mouiller les pieds mais les vagues sont fortes et surtout pas moyen de se poser sur le sable.

À la rivière, enfin un peu d'espace, c'est beau finalement ces cocotiers de bord de plage dans la brume, ça donne un côté post apocalyptique au paysage...

Mais quel monde!!

Impossible de rester 5 minutes sans qu'on nous propose un massage, à manger, à boire, une chaise longue etc...

Une petite baignade dans les eaux douces et claires de la rivière, un peu de repos sur la plage et retour en ville, pour un ceviche, une salade de calamars et des jus de fruits frais. Ça c'est chouette: on retrouve les fruits exotiques et les fruits de mer!

WhatsApp Image 2020-01-25 at 12.18.31.jp
le salon weed de notre hostal
IMG_20200119_133420.jpg
seule sur le sable...
WhatsApp Image 2020-01-25 at 12.35.02.jp
la rivière Palomino et son courant assez costaud pour faire des longueurs sans avancer d'un mètre
IMG_20200119_133735.jpg
...les pieds dans l'eau

La ville s'articule autour de deux rues principales. La route qui longe la côte, avec son traffic et ses commerces, et une petite rue de terre battue qui relie cette route à la mer. 

Des restaurants, des hôtels, des bars, des boutiques. Pour une ville de hippies préservée du tourisme de masse, on trouve tout ça hyper mercantile tout de même...

Les gens sont peu souriants, les commerçants font clairement la gueule, la bière est chère, tout, en fait, est cher. 

téléchargement.jpg
et un des innombrables magasins de Palomino
images.jpg
et un des restaurants/hotels encore plus innombrables

C'est un peu désemparés, et surtout perdus dans une ville qui  ne correspond pas du tout à nos attentes, qu'on tente de se remonter le moral sur une terrasse avec un cocktail trop cher et qu'on devine déjà noyé sous les glaçons. 

Et puis finalement le rhum est généreux et puis la serveuse est toute souriante, et puis un groupe de musiciens s'installe à côté et commence à gratter quelques notes: Django! Et ils enchaînent tout un set de swing et jazz manouche! Galvanisés par leur public, composé de nous deux, qui battons la mesure, chantons et applaudissons gaiement, ils remontent l'ambiance de cette terrasse déserte et notre moral avec. 

Bon ben l'happy hour et la musique auront sauvé notre soirée!

téléchargement (1).jpg
merci, mister Reinhardt

Le lendemain, le soleil est revenu. Nous décidons de fuir les lourds 30° de notre hostal vers un peu de vent. Chaud, mais vent tout de même.

Direction la plage et cette fois, nous allons marcher à l'opposé de la veille, pour trouver l'embouchure d'une autre rivière plus lointaine que les touristes ont la flemme d'atteindre.

Et quelle bonne idée! 

IMG_20200119_132507.jpg
Merci Caterpillar pour tes digues originales
WhatsApp Image 2020-01-25 at 12.05.19.jp
Mais Isa, c'est une super idée de photo que tu as là!
IMG_20200119_132721.jpg
Allez, je copie mais je ne suis pas équilibriste
WhatsApp Image 2020-01-25 at 12.05.52.jp
Grâce à mes kilos en trop, je fais plier les cocos

Il est là le paradis qu'on nous avait promis!

Un large banc de sable sépare les énormes vagues de la mer et le courant fort mais paisible de la rivière. 

Le lieu est parfait, bordés de cocotiers, bananiers et autres papayers pour nous faire de l'ombre, et au loin une avancée sauvage de roches et de plages inaccessibles pour cadrer le paysage. 

L'eau est tout juste rafraîchissante, j'aurais eu un thermostat que je ne l'aurais pas réglé autrement, douce et agréable, on se laisse porter par le courant, en regardant les pélicans jouer sur les vagues, les grues picorer dans l'eau, des tout petits oiseaux courir sur la berge... 

Un superbe petit coin de nature sauvage qui colle beaucoup mieux avec l'image que je me faisais des Caraïbes!

IMG_20200119_164517.jpg
La rivière San Salvador, havre de paix et eau douce
IMG_20200119_165409.jpg
la jonction entre San Salvador et la mer des caraïbes

On apprendra par la suite, que la marée trop haute, qui déracine les cocotiers et engloutit les propriétés de bord de mer; ce n'est pas habituel. Mais ça fait plus d'un mois que ça dure. Des scientifiques sont venus faire une étude mais n'ont pas su expliquer le phénomène. En attendant ça embête tout le monde qui ne peut plus profiter de la plage. Ils ont peur que les touristes ne viennent plus. 

Il y a eu des précédents... la ville voisine de Taganga s'est agrandie follement au début des années 2000, c'était le nouveau QG à la mode des backpackers. Et 10 ans plus tard, la ville est complètement délaissée par les touristes. Aujourd'hui il y reste une quantité folle d'hôtels vides, pas chers ceci dit, mais la population esseulée est tombée dans une pauvreté aussi rapide qu'inattendue, la ville n'est plus que béton et n'est plus très sûre la nuit...

 

Quand on se balade dans Palomino, on ressent très bien la possibilité/probabilité d'un scénario similaire...

IMG_20200119_165605.jpg
une des victimes des marées trop hautes. eh oui, c'était pas la faute du régime coco.

Pour ceux qui regardaient l'émission "rdv en terre inconnue", vous vous souviendrez sûrement des indigènes Kogis dans les hauteurs des montagnes du Nord de la Colombie. Ils sont célèbres pour nous français, mais toujours pas reconnus par l'État colombien. En fait il y a 4 ethnies différentes d'indigènes sur ce territoire. Une seule communauté est reconnue et est vaguement protégée. Les autres se font exproprier de leurs terres et passent leur temps à se battre pour survivre. Ils en sont réduits à envoyer des 'emissaires' en ville, pour effectuer quelques menus travaux pour les hôtels ou les restaurants contre quelques pesos. Aujourd'hui, ils doivent trouver de l'argent pour tenter de racheter leurs terrains qui ont gagné beaucoup de valeur: toutes ces terres "vides"sont idéales pour l'agriculture intensive...

Entre ceux qui se sont fait  exploités, et ceux qui sont tombés dans l'alcool, on a du mal à voir du positif en les rencontrant... 

Ceci dit, ils sont souvent les bienvenus dans pas mal de restaurants et hotels moins fréquentés, où on leur offre le couvert probablement contre quelques menus services. 

On constatera plus tard en quittant Palomino, dans notre petit paradis un peu reculé d'Ulucaho, que la maîtresse des lieux accueille régulièrement toute une famille de Kogis voisins.

Elle emploie le père pour du jardinage ou de la peinture et pendant ce temps elle discute en tissant avec la mère. De son côté,  son mari passe la journée à occuper les trois enfants en jouant dans la rivière. Le soir, ils rentreront chez eux tous les 5, nourris des trois repas de la journée, avec une poignée de billets pour les travaux effectués. Quand l'État les dépouille heureusement qu'ils peuvent compter sur la solidarité de quelques voisins... 

WhatsApp Image 2020-01-25 at 12.38.57.jp
Patricia, la duena et la petite famille voisine
WhatsApp Image 2020-01-25 at 14.01.31.jp
blessure de guerre

Ceci dit, pour une premiere étape caribéenne, Palomino n'est pas exactement ce que l'on recherchait, on regrette un peu nos petits coins isolés de l'agitation. Du coup, au bout de trois jours on se décide pour déménager vers le parc Tayrona, on laisse tomber l'idée de se faire bercer par le bruit des vagues, mais on ne le regrettera pas!!

La suite très vite!

WhatsApp Image 2020-01-25 at 12.04.33.jp
oups! je crois que mon portable est dans ma poche
bottom of page