El dia de muertos
Alors déjà vu que Oaxaca se fait belle et festoie déjà depuis une semaine, on peut vous dire que le soir du 31 octobre tout le monde est au taquet!!!
Mode d'emploi d'un jour des morts réussi:
15h: la sieste. Il s'agit d'être en forme.
16h30: atelier maquillage.
On pensait à un petit truc vite fait, mais c'est toute une histoire ce maquillage.
La base, le fond, les motifs, réajuster, rajouter la poudre de perlimpimpin contre la sueur et/ou la pluie, re-réajuster parce que ça a tout terni... quasi une heure par personne et encore j'ai passé mon tour sur les (très nombreux) strass et les faux cils...
D'abord les yeux de pandas
Très décontractée
En vrai, elle est très contente
J'ai plutôt bonne mine
Elle dépote ma tendre morte
18h30: habillage.
Vu ce qu'on a dans nos bagages ce sera sobre. Un sombrero pour le catrin, une mini couronne de fleurs pour la catrina.
18h45: courir.
On est en retard. La comparsa débutait à 18h, et comme de par hasard: le quart d'heure (voire la demi heure) de ponctualité mexicaine aujourd'hui bah ya pas. Ils sont au taquet du taquet!!!
On poursuit le bruit d'une fanfare en courant. Un petit poil déçus: une mignonne comparsa mais toute petite. On dansouille le temps d'y penser: ça s'appelle la "Gran comparsa" ça ne peut pas être celle-là.
On sort du groupe et on se dirige vers le quartier de départ prévu. Et paf sur quoi on tombe? Deux squelettes de 5 mètres de haut qui dansent: nous y voilà!!
Eh oui! que fait ce dragon multicolore ici?
19h: On s'incruste dans la foule du début du cortège. Des danseurs ouvrent la marche.Ensuite viennent les deux porteurs de squelettes géants.
Puis vient l'orchestre,Suivi de danseurs, ambianceurs, démonstrateurs en costumes traditionnels, et enfin la foule.
Ça chante, ça sautille, ça tape des mains, ça rigole.
Des familles; des petits vieux en chaise roulante jusqu'aux mini-mômes, en passant par les ados qui se passent une bouteille de mauvais whisky et sont déjà à moitié cuits...
La plupart en costumes, au minimum avec un peu de maquillage. Dans le cortège, on reçoit des sucettes et des bonbons sur la tête. Des fois que l'hystérie ne serait pas à son comble.
On réalise que les badauds qui nous regardent passer sont tout aussi maquillés que nous. Je ne sais pas si il faudrait les inviter à rentrer dans la danse ou si c'est à nous d'en sortir...
Autant de spectateurs que de défileurs
un mix entre un diablotin et Iron Man
comme vous pouvez le remarquer, il y a plus de monde qu'à un meeting de Benoit Hamon
On vous aime tout plein
Petit à petit on entend aussi venir de la musique de derrière, et ça a l'air de méchamment s'ambiancer par là bas. Changeons de coin!
Et hop, l'air de rien on s'incruste dans le cortège suivant. La fanfare est très énervée, beaucoup de percussions, ça danse fort, ça sourit encore plus fort. Les instrumentistes et danseurs communiquent au regard et avec les mains.
On met un peu de temps à comprendre, quand au lieu d'applaudir comme nous, ils agitent les mains en l'air, mais on est dans la comparsa des sourds et muets! Ça rigole bien ici!
Petite séquence émotion quand une jeune fille en costume traditionnel la larme à l'oeil, fait signe qu'elle "entend" la fanfare, que ça résonne dans sa poitrine et qu'elle peut suivre le rythme. Sa joie est terriblement touchante.
En même temps vlà le boucan...
On réalise donc que chaque quartier, chaque association, chaque congrégation possède SA comparsa. Sa fanfare.
Et que la Gran Comparsa réunit une dizaine des meilleures.
La fête mais aussi le recueillement
La fête tout court
Mon plus beau sourire
Dans un de ses groupes, (pas réussi à savoir de qui il s'agissaient) un homme se fait interviewé très sérieusement en direct pour la télé. Peut-être le maire? En tous cas le rendu-image devait être drôle: derrière lui, le Pape entraînait le dieu Pan et une bonne soeur en sang pour un limbo endiablé sous un cercueil en carton...
Par ailleurs, ce devait être un coin à VIP, parce que beaucoup de reporters photo s'agitaient. L'un d'eux nous a demandé un portrait, si ça se trouve on est passés dans le journal! 😆
Le diable et le Pape à la queueleuleu
Y'en a qui n'ont pas compris les règles du Limbo
22h: arrivée à destination de notre cortège. Ils entrent dans le 'palais des congrès': on quitte les rangs pour admirer tous ceux qui nous suivaient.
Et ça en fait du monde, et ça en fait des costumes incroyables!
Parmi les plus remarqués, les danseurs traditionnels de Michoacan, aux trois quart nus, avec des longues plumes fines en couronne sur la tête, en poitrail, aux bras, autour de la taille, des cuisses, des chevilles...
Les transformistes (rien que pour avoir marché 3 heures avec des talons aiguilles de 15 cm dans les rues pavées la performance est remarquable) , les échassiers, ceux qui portent des costumes de géants du Nord, et ceux qui portent les "toros de fuego".
Les toros de fuego parodient une corrida de tradition espagnole. Un volontaire porte un taureau en papier mâché, dont on enflamme les cornes avec des feux d'artifices tournoyants. Il courre dans la foule en défiant le monde avec sa trainée de feu.
(Autant vous dire qu'on comprend pourquoi il y a tant d'accidents mortels avec les feux d'artifice dans ce pays)
Le pape avec une diablesse cette fois
Très beau jeu de jambes
N'essayez pas ça chez vous
Je danse dans mon coin
Toute droite sortie d'un Luc Besson
23h: en remontant vers le centre ville, on passe par le cimetière général. Un concert dans l'allée principale, c'est joli mais trop de monde. On ne peut pas y assister sans escalader les tombes. bof.
Dans un coin beaucoup plus calme on aperçoit de la lumière au loin. Ils ont installé un écran de cinéma. Quelle vision étrange. Tous ces gens debout dans l'obscurité, installés entre les tombes, ou dessus d'ailleurs, réunis en silence pour regarder un film.
Au milieu d'un cimetière.
Au milieu de la nuit.
Scène très forte où un vieux paysan, pauvre de surcroît, tient tête au caïd du village, et tout ça sans sous-titres.
Et puis quand on s'éloigne des allées principales, à distance de la foule: une si curieuse ambiance.
C'est tellement déconcertant!
Dans l'obscurité, beaucoup de musique, de bruit, d'éclats de rire, mais de larmes aussi.
Des petits groupes de familles autour de leur défunt, parfois trop nombreux donc s'asseyant sur les voisins, et après avoir illuminé leur tombe de bougies, l'avoir fleurie, décorée, parfois avec des offrandes inattendues, comme une pompe à vélo, ou une canette de bière, ils sont tous là à dîner avec leur mort. Ils ramènent la glacière pour la bière, les boîtes à pizza, les chips, les fruits... renversent la moitié des affaires à cause de l'étroitesse des lieux et de l'obscurité...
Ils jouent de la guitare, ou passent la radio... et hop, la garden partie la plus incongrue jamais vue!
On raconte les histoires de sa vie, on explique aux enfants de quel ancêtre il a hérité son nez, ou son mauvais caractère, on se rappelle les bons et les mauvais souvenirs, tout partager pour que personne ne l'oublie.
C'est assez extraordinaire et même si ouvert à tous et très accueillant, un peu intime. On gardera nos belles images en mémoire sans participer pour cette fois ci.
On nous a expliqué, que depuis le grand séisme de 2017, il n'y a plus de grosse fête au Pantéon General.
Mais l'office du tourisme a tout prévu! À présent, pour une nouba dans les cimetières ils faut prendre un bus. À 5km, une ville à été entièrement aménagée pour accueillir tous les gringos et mexicains en goguette dans le cimetière, dans de grandes salles, sur une esplanade avec tout plein d'orchestres, de commerces, d'animations et surtout des buvettes partout!
Baaah... ça nous a pas fait envie. Et suis bien contente d'avoir pu apercevoir les vraies usages.
Bref, pour nous il est temps de retrouver le centre ville pour manger, se balader, profiter des spectacles et des orchestres, et surtout pour se trouver une terrasse et boire un verre en regardant passer la foule costumée danser, manger, rire et chanter...
Depuis notre terrasse, on voit aussi parfaitement le feu d'artifice, tout proche.
C'est drôle, il y a tellement de bruit dans la rue qu'on ne l'entend pas. Et la foule continue de déambuler sans même s'apercevoir que ça pète de partout derrière eux...
Juste sous notre balcon, on peut apprécier la valse des photographes, pour garder un souvenir du plus beau costume rencontré, et aussi ce drôle de business: des gens qui profitent d'Halloween pour porter n'importe quel costume et demandent quelques pesos à qui veut un selfie avec eux.
C'est dingue ce truc. Et en plus ça marche!
10 pesos, la photos avec les plastics men
Il nous manque un joueur pour un trivial pursuit
Un beau contraste
Une vendeuse qu'a fait peu d'affaires ce soir
A priori, c'est une... je vous laisse deviner
3h30: notre nième bar ferme.
Un super bar au passage: le gun's n beers, dont l'autel traditionnel à l'entrée est dédié à Jim Morisson, et dont les serveurs portent un t-shirt rappelant que cet établissement est interdit au reggaeton, à Maluma (un chanteur à succès) et à la chanson Despacito = le QG parfait!!
Merci Guns and Beers
Notre bar ferme donc, et du coup on rentre à la maison.
Et là, bah non, on ne s'écroule pas sur le lit: on prend une douche. Parce qu'avec ce maquillage, là, on risque de se réveiller avec le suaire du Joker sur la taie d'oreiller...
Le lendemain.
9h: reveil, déjà j'ouvre les paupières sur Bruno en parodie d'Indochine par les inconnus: le maquillage noir autour des yeux n'est pas parti. Et il s'en fout. Bon. Alors petit dej.
Essayons d'avoir l'air frais et de tenir la conversation. Demi-réussite. Notre cuisinière-maman du petit dej n'est pas dupe: elle aura bien rigolé!
10h: recouchage. Bah ouais.
oh! J'allais oublier.. la petite série curetage de nez.
14h: je ne vous ai pas encore dit à quel point ils sont hyper forts ces mexicains. En même temps que les festivités il se tient un festival parallèle: Le festival du pan y chocolate!!
Exactement ce qu'il nous faut! On va donc goûter au chocolat chaud de Oaxaca. C'est un cacao vanillé ou avec du massepain, ou du piment, qu'ils broient sur un metate (pierre chaude et plate) et mélangent dans de l'eau ou du lait avec un molinillo (sorte de fouet en bois sculpté - une oeuvre d'art en elle-même)
Et c'est booOoonn!!!
Avec le pan dulce ou pan de yema (brioche sucrée ou brioche au sésame) à tremper dedans c'est magique: quelque soit l'humeur du jour, on re-sourit à la vie!!